Dans une nouvelle sortie publique, le ministre de la Communication, Hamid Grine, confirme encore une fois sa volonté de «faire taire» les voix discordantes. Il menace les correspondants des médias étrangers de voir leur accréditation retirée s'ils «insultent» ou «diffament». Lors d'une conférence de presse tenue jeudi à Alger, le ministre de la Communication a menacé : «L'Etat algérien a le droit de ne pas renouveler l'accréditation des correspondants des chaînes et des journaux étrangers qui insultent, diffament ou usent de violence verbale ou écrite», ajoutant que «les correspondants étrangers doivent respecter les règles». Dans la foulée, son département a rendu public un communiqué qui «rappelle les correspondants des chaînes et des journaux étrangers en Algérie à la nécessité de respecter les lois algériennes et l'éthique de la profession et d'éviter l'insulte, la violence et la diffamation, faute de quoi ils se verront retirer leur accréditation». Ce nouvel épisode intervient suite à une polémique soulevée par le refus du ministère de la Communication de renouveler son accréditation à Boualem Ghomrassa, correspondant du journal saoudien Echarq Al Awsat. Le journaliste, qui écrit également dans El Khabar sous le nom de Hamid Yes, est connu pour ses écrits critiques contre le régime et le chef de l'Etat. Cela n'a pas empêché le ministère de la Communication de lui décerner le titre de «journaliste de l'année» il y a quelque temps. Selon les nouvelles normes que veut donc imposer Hamid Grine, critiquer le pouvoir ou ses représentants équivaut à de l'insulte. Et cette déclaration, qui s'inscrit visiblement dans une logique liberticide, se veut donc comme un avertissement à tous les journalistes critiques. A défaut de leur interdire d'exercer en Algérie, le ministre de la Communication brandit la menace de retirer l'accréditation à ceux d'entre eux qui travaillent légalement pour des organes étrangers. Ce nouvel épisode entre dans le cadre de la volonté du pouvoir de faire taire les voix discordantes qui s'expriment dans la presse. Après avoir exercé une pression sur les annonceurs privés, qui placent leur publicité dans les rares journaux critiques qui existent encore sur la scène médiatique, le ministre de la Communication vient en rajouter une couche. Cette tendance a été exprimée récemment par le patron de Ooredoo, Joseph Ged, qui a conditionné l'attribution de la publicité de son entreprise au «respect de l'éthique». A l'arme de la publicité s'ajoute donc celle de la carte d'accréditation. Pourtant, en matière d'insultes, ce ne sont pas les journaux qui critiquent le pouvoir qui s'en distinguent. Ce sont des médias qui se nourrissent de la manne publicitaire publique qui se permettent d'insulter et de diffamer. Mais tant qu'ils ne touchent pas au monarque… Quelle sera donc la prochaine étape ?