Un avocat de l'opposition, régulièrement défendu par un autre avocat de l'opposition pour ses positions d'opposant qui l'ont mené en justice, se demandait : peut-on poursuivre le Président pour «menaces avec l'intention de nuire» comme le prévoit la loi algérienne ? En théorie oui, la menace est un délit ; en pratique, la justice est hélas sous contrôle, ce qui revient à se poser la question : mais que serrer alors de plus ? Comme la vis sans fin d'Archimède qui tourne éternellement sur elle-même, il faut bien admettre que les élections sont déjà truquées, les opposants harcelés et les rassemblements interdits. La presse publique est dans les «indjazate-mou3djizate» et la presse privée ne soutenant pas le régime subit les pressions sur les annonceurs privés. En gros, les libertés économiques, politiques, médiatiques, syndicales et associatives sont déjà sous sévère contrôle, la menace n'a donc pas d'effet et il n'y a pas grand-chose à dire, à part réaliser qu'on ne rajeunit pas. Car ce débat imposé renvoie à de vieilles années d'une vieille vision où il s'agissait de s'en prendre à l'opposition légale et la presse d'opinion pour masquer ses propres échecs et invoquer la main étrangère pour mieux détourner l'attention sur ce qui est encore géré localement avec les pieds. On pourrait suivre l'option présidentielle et continuer à vivre en mangeant des frites-mayonnaise tout en faisant semblant qu'on n'a rien vu. Mais ce qui a lieu est peut-être le débat entre la vis sans fin d'Archimède et le Mesmar Djeha, ce clou qui «ma it3awedj ma itna7a» (ni ne se tord ni ne s'enlève) avec une opposition qui ne remplit finalement que sa fonction et une partie de la presse privée qui continue à faire son devoir critique en enfonçant le clou. Qui va gagner entre ces deux produits de quincaillerie ? Le patriotisme économique dirait que c'est le second. Archimède est né en Grèce. Djeha est né ici.