L'anecdote que l'on cite le plus souvent à propos de Djeha est celle du clou, le fameux «mesmar Djeha». On raconte que Djeha était à court d'argent et qu'il ne parvenait plus à assurer la subsistance de sa famille. Personne ne voulait le faire travailler et, surtout, personne ne voulait lui faire de prêt. Il réfléchit à la situation et décida de vendre sa maison à un riche voisin. Celui-ci la convoitait depuis longtemps, mais Djeha avait rejeté ses propositions. «Et pourquoi veux-tu vendre ta maison à présent ?, demande l'homme, méfiant. ? Parce que j'ai besoin d'argent», répond Djeha le plus simplement du monde. L'homme accepte et propose un bon prix au facétieux personnage. «J'accepte, dit Djeha, je te vends ma maison et tout ce qui s'y trouve, à l'exception de ce clou, planté sur la poutre principale. ? Mais pourquoi veux-tu garder ce clou rouillé ? demande l'homme, choisis plutôt quelque chose d'autre et emporte-le ! ? Non, dit Djeha, je veux ce clou ! De temps à autre, j'entrerai dans la maison et je le toucherai ! ? D'accord», dit l'homme. L'affaire est conclue. Deux jours après, Djeha entre dans son ancienne maison et accroche au clou une panse et des boyaux de mouton. «Que fais-tu là ?, proteste le nouveau propriétaire. Enlève tout de suite ça ! ?C'est mon clou ! dit Djeha, j'en fais ce que je veux ! ? C'est ma maison ! dit l'homme, tu me l'as vendue ! ? Rappelle-toi, je t'ai vendu la maison, pas le clou !» Le lendemain, la panse et les boyaux commencent à pourrir et les mouches s'y agglutinèrent en masse, importunant les gens de la maison. Le propriétaire supplie Djeha d?enlever la viande, mais il refuse. «Alors, reprends ta maison et rends-moi mon argent ! ? Je l'ai dépensé», dit Djeha. L'homme essaye de vendre la maison mais il n'y parvient pas. Il finit par l'abandonner et Djeha la reprend. L'expression «mesmar Djeha» (le clou de Djeha) désigne, depuis, une présence que l?on impose, une clause qui met les autres dans la gêne, un chantage que l'on exerce...