Benjamin Netanyahou remet ça : il menace sans conviction. Dans une énième déclaration, il se dit prêt - s'il le faut, s'empresse-t-il d'atténuer - à frapper des sites nucléaires iraniens. En réalité, toutes les menaces israéliennes contre l'Iran ne valent pas un clou. Israël et l'Occident se sont tellement compromis avec le pays de Khomeiny pour pouvoir s'en détourner aussi facilement. Depuis le début des années 2000, les responsables de l'Etat hébreu ne cessent de pérorer à ce même propos, mais sans oser aucun acte concret. À un moment, Ehud Barak s'était pris au sérieux, mais l'armée israélienne lui avait opposé un niet catégorique ! En 2005, Georges W. Bush avait aussi planifié une intervention de grande envergure contre l'Iran, mais l'establishment US n'a pas avalisé son projet ! Kadima, le parti d'Ariel Sharon, a aujourd'hui raison de dire que Netanyahou est simplement «obsédé par l'idée de bombarder l'Iran». Rien qu'une obsession ! Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, qui paraît savoir un bout sur les chemins impénétrables de la diplomatie parallèle, tempère les élans oratoires de son partenaire. «Une frappe militaire se retournerait contre Israël […]. Il faut augmenter les sanctions et continuer à discuter avec les responsables iraniens», dira-t-il, presque contrit. En vérité Israël a toujours soutenu l'Iran. Durant le conflit Iran-Irak (1980-1988), Tel-Aviv avait servi de base au transit clandestin des armes américaines destinées aux Iraniens ! En 1981, l'armée de l'air israélienne avait détruit le réacteur nucléaire irakien d'Osirak pour protéger les troupes iraniennes d'une éventuelle folie nucléaire de Saddam Hussein, confesse, en 1998, l'ancien roi du Maroc, Hassan II, à un reporter français. «Les dirigeants israéliens savaient très bien que Saddam n'oserait jamais utiliser l'arme atomique contre leur pays», explique sa majesté. Se rendant compte tardivement du double jeu des Occidentaux à son endroit, le dictateur irakien reconnait, à l'orée de son règne sanguinaire, que la guerre contre l'Iran et l'invasion du Koweït étaient des guêpiers qui lui ont été tendus par les Occidentaux avec la complicité de l'Iran. «Les Américains lancent les guerres mais les Iraniens mènent le jeu», confie-t-il dans la posture de l'arroseur arrosé. L'Occident, qui reproche maintenant à l'Iran son ambition de se doter de l'arme nucléaire est en vérité impliqué jusqu'au cou dans cette histoire sordide. Selon les rapports de plusieurs agences de renseignement, c'est la CIA qui, en 2004, aurait fourni à l'Iran les véritables plans de l'arme atomique soviétique, dans lesquels se seraient glissées des erreurs. Les collaborateurs de Bush Junior croyaient naïvement que les mollahs allaient se servir bêtement de ces plans piégés, ce qui retarderait pour longtemps leur ambition atomique. Mais, le transfuge russe, chargé de remettre «le cadeau empoisonné» à la mission iranienne auprès de l'Aiea à Viennes, était, curieusement, un expert en la matière. Il informe ses vis-à-vis des erreurs commises dans le document et leur propose ses coûteux services pour les réparer. Voilà une scabreuse histoire que personne ne peut exhumer officiellement. En somme, dans son bras de fer actuel, que ce soit sur le dossier syrien ou celui du nucléaire, l'Iran a les meilleures cartes en main. Il détient tous les secrets ignominieux de l'Occident, son complice de toujours. C'est la fameuse fable de Mesmar Djeha. K. A.