Les élèves ne se bousculaient pas, hier, pour le rattrapage des cours perdus durant la grève du Cnapeste. Le plan de Nouria Benghebrit, à savoir entamer le programme de rattrapage pendant cette première semaine de vacances, ne semble pas faire l'unanimité au sein de la communauté scolaire. «L'appel a été diffusé tard. Il n'y a pas eu de note officielle. Je suis venue, juste pour tâter le terrain et savoir si je dois revenir demain ou pas», explique une élève du lycée Rabah Bitat à Alger qui a fini par rebrousser chemin. «Nos enseignants qui ont fait grève ne sont apparemment pas décidés à reprendre le travail durant les vacances», constate-t-elle. Des groupes de lycéens se sont formés devant les établissements, hésitants, franchissent enfin le seuil. A l'intérieur des lycées, la réalité est toute autre. «J'ai cru qu'on allait reprendre sérieusement les cours, mais là, je constate que la plupart des enseignants ne sont pas venus. Des révisions ont été improvisées», explique un jeune lycéen, visiblement inquiet par «cette anarchie». Le lycée El Idrissi, à Alger, reflète la situation vécue hier dans la plupart des établissements du secondaire.Portes ouvertes, les élèves se sont dispersés en groupes, perdus entre les salles. Des enseignants en blouse blanche circulent, répondent aux élèves. Des parents encore perdus, interrogent l'agent d'accueil. Bourrage Un responsable de cet établissement, qualifiant cette mesure de «bricolage», estime que la décision de la tutelle d'ouvrir les portes des établissements «aurait dû être accompagnée d'une note obligeant les enseignants et les élèves à participer à cette mesure de rattrapage». Ce responsable qui a requis l'anonymat s'interroge sur la finalité d'ouvrir des établissements pour des cours «boudés par les enseignants». «Il faut qu'il y ait plus de rigueur pour obtenir un résultat», explique notre interlocuteur, qui estime que la tutelle devrait focaliser sur l'obligation d'organiser les évaluations trimestrielles pour que les élèves ne soient pas pénalisés à l'avenir. L'Association nationale des parents d'élèves se dit «déçue» que les enseignants ne soient pas au rendez-vous. «Nous avons accueilli avec soulagement la décision du Cnapeste de suspendre sa grève, mais grande a été notre déception de constater que les enseignants grévistes n'étaient pas au rendez-vous pour récupérer les heures perdues», s'emporte Khaled Ahmed, président de cette association. «Dans certains lycées, le nombre n'a pas dépassé trois enseignants présents sur les 30 qui devraient assurer ces cours», regrette le représentant des parents d'élèves. Ce dernier fera remarquer que «le troisième trimestre ne sera jamais assez suffisant pour continuer le programme, organiser les évaluations des deuxième et troisième trimestres, organiser le bac blanc et accorder une période de révision aux candidats. Quelle que soit la méthode adoptée, ce sera du pur bourrage qui ne sera que nuisible à nos enfants», explique M. Khaled.