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Voyage au cœur de l'Amérique du Sud : stratégie chilienne de couloir
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Publié dans El Watan le 24 - 03 - 2015

La route est longue, 24 heures de bus pour rallier San Pedro à Santiago, la capitale chilienne. Elle est aussi étroite, mince ruban coincé entre les Andes et l'océan Pacifique, 150 km de large en moyenne pour 4000 en long, de la frontière péruvienne à la Terra del Fuego, la Terre de feu aux portes de l'Antarctique. «Un seul fuseau horaire, à l'heure américaine», sourit Miguel, jeune militaire colombien rencontré à la gare routière.
T-shirt et baskets à la mode, il est au Chili pour une formation avec l'armée chilienne, armée qu'il n'aime pas trop, «bien équipée, mais sans expérience de terrain», précise-t-il, référence à la longue lutte de l'armée colombienne contre les FARC et les narcotrafiquants surarmés. A ce point du voyage, il semble important de revenir sur les relations entre les pays sud-américains, pas toujours très tendres.
Le Chili et l'Argentine ne s'aiment pas trop, mais considèrent qu'ils sont les plus importants, un peu comme l'Algérie et le Maroc, frères ennemis, mais pour qui le Pérou ou la Bolivie sont la Mauritanie et le Mali.
Miguel est formel, «non, ce sont les Colombiennes les plus belles d'Amérique du Sud», sentence assortie de photos et d'une invitation à venir vérifier, ce qui est sérieusement noté. «Non, les plus belles sont les Argentines, d'ailleurs tout le monde y va (en Argentine) pour les soins de chirurgie esthétique, les moins chers du continent», renchérit un Chilien qui s'est joint à la conversation : «Les Chiliennes détestent d'ailleurs les Argentines parce qu'elles viennent prendre leurs hommes du Chili.»
Bref, pour Miguel, «les Chiliens sont hautains, les Boliviens et Péruviens ressemblent aux Colombiens simples, et les Argentins sont des Italiens arnaqueurs.» Ce qui rappelle l'écrivain argentin Borgès qui expliquait que «les Mexicains descendent des Mayas, les Péruviens des Incas et les Argentins… du bateau.» Mais pour l'instant, c'est encore la route, et enfin Santiago, enserrée dans une vallée entre la petite cordillère de l'Ouest et la grande cordillère des Andes à l'Est. Il fait 35° et c'est l'été, les sapins de noël sont en vente pour le 25 décembre.
Pas de police, les Carabineros dépendent de l'armée, la vie est chère, à la mode consumériste et même les JT qui défilent sur les écrans sont entrecoupés de spots publicitaires.
Au centre-ville, entre un cinéma porno et une manifestation de solidarité avec les 23 étudiants assassinés au Mexique (voir reportage «Tarija et la fin du golpismo»), on vend des armes à feu et l'affiche de la boutique indique «Necesita vendor» (on cherche un vendeur).
Il y a donc du travail, tout comme le formidable travail de démocratisation entrepris depuis le plan Condor, stratégie chilienne qui a consisté à collaborer avec les autres dictatures d'Amérique du Sud pour faire la chasse aux opposants sur le continent. Imité par l'opération Charly, sous l'égide de l'armée argentine formée à l'école française de la contre-insurrection, tortures et coups bas, pour traquer les «communistes» et qui a même participé au coup d'Etat de Bolivie en 1980. C'est de l'histoire ancienne, mais une visite s'impose pour comprendre ce qui ne nous arrive pas.
La Casa de la Paz
Petite colline au sud-ouest de Santiago. Une banlieue de style US, avec ses routes larges et vides et ses maisons en rez-de-chaussée. C'est le quartier Penalolen, où en septembre dernier, comme chaque année depuis la démocratisation en 1990, une émeute a éclaté pour l'anniversaire du coup d'Etat du 11 septembre 1973 qui a renversé Allende. Objet : plus de justice sociale, comme les mouvements politiques qui poussent partout à gauche et cette plaque pacifique qui pousse le pays contre les Andes.
Ce qui crée d'ailleurs des séismes comme celui d'avril dernier, de magnitude 8, tellement fort qu'il a déplacé l'axe de rotation de la Terre de quelques degrés. Mais à Penlolen, sur une longue descente qui rejoint le centre de Santiago, une discrète propriété semble solide.
C'est la Villa Grimaldi de l'époque Pinochet, la plus dure en termes de disparitions forcées, où 40 000 Chilien(ne)s ont été torturés dans des centres comme cette villa, aujourd'hui centre de mémoire rebaptisé Casa de la Paz, la Maison de la paix. D'autres centres aux noms poétiques comme Londres 38 et Venda Sexy étaient actifs dans Santiago, mais c'est ici que chaque jour, dans ce domaine boisé d'un calme sacré que des survivants et des familles de torturés se recueillent.
Et des jeunes, mi-sérieux, mi-amusés, emmenés par leurs écoles, qui déambulent avec leurs smartphones entre salles de torture et d'exécution où les sévices les plus créatifs étaient inventés. Michelle Bachelet, l'actuelle présidente du Chili, y fut même captive et à son accession elle a visité officiellement le centre où elle a été torturée avec sa mère.
Depuis, la DINA, ex-police politique de Pinochet formée par la CIA, a été reconvertie en CNI puis en ANI, Agence d'Intelligence. Mais cela n'a pas été facile, Véronica Valdivia, historienne et spécialiste de la période Pinochet, rappelle qu'«à la fin de la dictature, Pinochet a dissous le CNI, mais ses membres ont été intégrés dans l'armée.» Puis, «la politique de la Coalition (la gauche qui a pris le pouvoir) a cherché à restaurer le leadership civil à travers une modernisation militaire en essayant d'éviter les tentatives de coup d'Etat et de résister aux pressions des forces armées.» C'est ainsi que si «le CNI a disparu au début des années 90', cela ne veut pas dire que leurs fichiers ont disparu ou que l'armée ne continue pas à faire de l'intelligence. Mais le CNI n'existe pas comme une institution qui fonctionne avec les ressources de l'Etat et personne n'autorise ses actions, bien que les représentants de la droite pinochetista continuent de justifier son existence à l'époque de la dictature.
Ce qui nuit politiquement parce que la violation des droits et le terrorisme d'Etat sont aujourd'hui une vérité historique que personne n'ose nier.» C'est pourquoi, explique l'historienne, «les gouvernements civils ont cherché à séparer les questions de sécurité et de défense, la première, prérogative des agences civiles, et la défense extérieure pour l'armée.» Reste la question des pays arabes et africains qui nous intéresse, et Véronica Valdivia avoue ne pas être experte : «Mais mon impression est que les revendications démocratiques ont manqué de projets communs et l'influence des anciennes puissances n'a pas été éliminée sur les secteurs importants.
Et je pense que le poids de la religion est un facteur-clé dans les processus de démocratisation ; en Amérique latine, elle n'a qu'une influence indirecte.» C'est dit, le temps de réfléchir à l'Histoire, c'est autour d'un verre à Santiago dans le quartier de Bellavista avec un capitaine du FACH, Fuerza Aera de Chile, que tout se complique. Pour cet officier des forces aériennes, «les services secrets commettent encore des crimes» et le dernier attentat en septembre dernier attribué aux Mapuchés, un groupe indien radical, «a été monté par le CNI pour faire repasser le pays à droite en accusant la gauche de laxisme sécuritaire.» Afrique du Nord ou Amérique du Sud, la théorie du complot est partout.


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