Le jardin public de Mila, plus connu chez les autochtones par Djenane El beylik, était un espace de convivialité, dédié aux familles de la ville. C'était un havre de paix et de tranquillité où les personnes d'un certain âge trouvaient refuge pour couler paisiblement leurs jours. Jusqu'au début des années 1990, le square de la ville comptait encore de nombreux espaces verts, des massifs de fleurs impeccablement entretenus, des gazelles dans un enclos aménagé, sous un bouquet d'arbres séculaires, des bornes fontaines, des statues, des bancs, un bassin renfermant des poissons et mille et une autres curiosités perdues aujourd'hui de la mémoire. C'est dans cet espace enchanteur, noyé de douceur et d'ombres et agrémenté de variétés végétales et animales étonnantes, que les familles de Mila piqueniquaient le printemps venu. «Au printemps, Djenane El beylik s'animait des familles de la ville qui venaient y passer les radieuses après-midi de la saison. C'était un lieu de sociabilité et de détente pour les gens de la ville», témoigne M. Sghir, un autochtone, avec une note de regret dans la voix. Et c'est là aussi que les vieux se rencontraient pour couler tranquillement leurs journées. Une étonnante symbiose entres les riverains et leur jardin. De nos jours, que reste-t-il de Djenane El beylik ? Presque rien, si ce n'est l'air de désolation qui se dégage de chacun de ses coins. La clôture en fer forgé qui le ceinturait a disparu. Les massifs de fleurs, les statues, les gazelles, les poissons, les espaces verts, le calme et que sait-on encore des belles choses qui étaient là, ne sont plus qu'un beau souvenir. Ouvert aux quatre vents après l'enlèvement de la clôture, un acte de vandalisme pour les habitants, l'historique jardin s'est banalisé; il se meurt pour ainsi dire, dans le silence radio des autorités. Et la question qui se pose aujourd'hui est : n'aurait-on pas la mauvaise intention de le brader au profit de quelques vulgaires projets immobiliers ? En tous les cas, c'est ce que les gens de la ville redoutent et ils n'ont pas vraiment tort.