Le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, et le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Amar Saâdani, se sont longuement entretenus samedi à l'hémicycle Zighoud Youcef. Motif ? Accorder leurs violons avant l'ouverture de la session d'automne du Parlement qui interviendra dimanche prochain, 3 septembre. Soucieux du respect du timing dans la programmation des projets de lois, les deux responsables, qui sont également des camarades au sein du parti au pouvoir, le FLN, ont fixé les priorités et arrêté la conduite à tenir en prévision des joutes oratoires qu'abritera le palais Zighoud lors de l'examen des prochains projets de textes législatifs. Et cette session est particulièrement bien chargée pour les députés qui devront s'exprimer sur des projets imminents, stratégiques en ce sens qu'ils conditionnent les fonctionnements futurs des institutions élues de la République. Les élus devront, en effet, examiner pas moins de trois projets d'amendement des codes de la commune, de la wilaya et du code électoral. Ces projets, déjà ficelés au niveau du ministère de l'Intérieur mais aussi au niveau... de l'instance exécutive du FLN, donneront sans doute un avant-goût du rôle que ce parti, et par extension, le président Bouteflika, voudraient faire jouer aux élus locaux et à l'administration. Bien que le parti de Belkhadem n'ait pas encore levé le voile sur les amendements qu'il propose, des fuites organisées laissent entendre que le FLN, qui ne doute pas un instant de pouvoir garder, voire monopoliser le pouvoir local, voudrait plus de prérogatives aux élus en prévision des échéances à venir. Et sur un autre plan, le pouvoir entend élargir les prérogatives des walis en rognant sur celles des ministres pour, officiellement, « lutter contre la bureaucratie ». Et pour couronner le tout, l'exécutif de Belkhadem souhaite tailler un code électoral sur mesure de telle sorte à booster la représentation de son parti, le FLN. Ces trois projets, qui devraient être adoptés avant la fin de l'année, confient des sources autorisées, constituent les priorités des priorités du chef du gouvernement, et néanmoins secrétaire général du FLN, qui veut mettre son parti sur orbite comme il l'a avoué dans son discours de clôture de l'université d'été à Béjaïa. Il est vrai que ce dispositif législatif s'apparente à une première bataille électorale de gagnée pour le FLN qui pourra faire passer ses projets sans encombre dans une Assemblée acquise majoritairement à sa cause. Un scénario dicté par le rapprochement des dates des élections, notamment les législatives prévues pour le mois de mai prochain, d'après Yazid Zerhouni, et que le FLN s'attend, bien sûr, à gagner haut la main. Mais avant d'en arriver là, les trois projets en question seront examinés et adoptés par le conseil de gouvernement et celui des ministres avant d'atterrir sur le bureau de l'Assemblée. Pendant ce temps, nos honorables députés qui reviendront de vacances ne vont pas chômer. Et comme entrée en matière, ils devront juste lever leur bras pour avaliser les projets de code pénal et des procédures pénales qui avaient été déjà débattus durant la session du printemps. Ils devront, en revanche, examiner le projet de loi portant sur l'encouragement et le soutien à la création de l'emploi en débat au niveau de la commission santé et travail de l'Assemblée. S'agissant du projet d'amendement du statut général de la fonction publique, qui a fait les choux gras de la presse nationale, le texte demeure au niveau du secrétariat général du gouvernement (SGG) qui attend qu'il soit programmé en Conseil des ministres, après qu'il ait été adopté par le conseil de gouvernement. Des sources informées estiment, d'ailleurs, que le président de la République pourrait convoquer durant la première semaine de septembre un Conseil des ministres pour « liquider » les projets de lois en souffrance. Le chef de l'Etat présidera juste après la très attendue réunion gouvernement-walis, acte II, au Palais des nations au Club des Pins pour faire le point des propositions des walis sur la redéfinition de leur mission et le ciblage des priorités de tout un chacun dans sa wilaya. Et c'est à la lumière des conclusions qui en sortiront que le code de wilaya sera orienté. Il ne reste donc plus qu'à attendre pour voir.