En visite de travail à Paris, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, rencontrera son homologue français, Laurent Fabius, mardi matin au Quai d'Orsay. Les deux ministres aborderont «tous les aspects des relations bilatérales et évoqueront également les questions régionales et notamment la sécurité dans le Sahel», a indiqué le porte-parole du Quai d'Orsay. Force est de constater que la diplomatie algérienne est fortement sollicitée et mise à contribution dans une région – le Maghreb et l'Afrique subsaharienne – où la question de la paix et de la sécurité se pose avec acuité. Si les diplomaties française et algérienne s'accordent sur la nécessité de résoudre les conflits et crises régionaux, elles n'ont toutefois pas toujours la même approche. C'est le cas pour la question du Sahara occidental, par exemple. Si Alger s'en remet aux résolutions des Nations unies portant sur le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et à une solution qui aurait l'agrément des deux parties en conflit, le Maroc, puissance occupante, et le Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui spolié de son territoire, Paris soutient le projet d'autonomie mis en avant par le Maroc. Ce dossier, enlisé depuis plusieurs années du fait des manœuvres marocaines et de la complaisance de certains pays et puissances comme la France, est à nouveau à l'ordre du jour des agendas diplomatiques de la communauté internationale. L'Union africaine, qui vient de nommer l'ancien président du Mozambique, Joaquim Chissano, pour s'occuper du dossier, a lancé la semaine dernière un appel au Conseil de sécurité de l'ONU pour diligenter le processus de référendum au Sahara occidental. Paris sait et a eu à le vérifier qu'aucune solution des conflits régionaux ne ferait l'économie de l'apport d'une contribution algérienne, et ce, en mesurant le retour d'une influence grandissante de la diplomatie algérienne sur la scène africaine. Les nombreux chefs d'Etat et de gouvernement africains qui ont fait le déplacement d'Alger en ont fait la preuve. Aussi, de par l'expérience qu'elle a acquise dans la lutte contre le terrorisme, l'Algérie est à même de jouer un rôle de premier plan dans le rétablissement de la paix et de la sécurité dans la région, d'autant qu'elle est, elle-même, entourée de pays aux frontières instables. Si Ramtane Lamamra n'a de cesse de répéter à ses pairs, et il le redira certainement une fois de plus mardi à Laurent Fabius, que «l'ordre constitutionnel et la doctrine de l'Algérie ne permettent pas l'envoi de troupes combattantes hors de ses frontières nationales», cela ne fait pas pour autant de l'Algérie un pays inactif. D'autres formes d'action ont la faveur d'Alger : les solutions politiques et le dialogue entre les parties en conflit. Ainsi, lorsque Paris avait souhaité une participation militaire algérienne contre les groupes terroristes au nord du Mali, c'est au nom de cette doctrine qu'Alger avait dit non. Comme c'est le cas pour la Libye, où l'Algérie multiplie les efforts pour réunir les différentes factions libyennes autour d'une table pour un dialogue inclusif.