La pièce Darb Al Tabana (La voie lactée) réhabilite agréablement le spectacle théâtral sur scène. Connaissez-vous la voie lactée ? (Kennen Sie die Milchstrasse ?) est une pièce du dramaturge allemand Karl Wittlinger. Missoum Laroussi s'est appuyé sur cet étonnant texte pour monter Darb Al Tabana (La voie lactée), une pièce présentée mardi soir au 9e Festival culturel du théâtre de Sidi Bel Abbès. La pièce tragi-comique plonge dans le monde insondable de l'hypocrisie sociale et de la fausseté. Ali El Patriote ou Ali Bouadhma (Fouad Bendoubaba) revient dans son village après une dizaine d'années d'absence. Il découvre qu'il est... mort. Les villageois ont repris ses biens, l'imam a racheté sa terre et un autre homme a épousé sa femme. Personne ne veut reconnaître son retour. Il tente alors d'avoir une autre identité. Choix périlleux. Déraciné et sans identité, Ali tombe dans la dépression. Il se retrouve alors dans un asile psychiatrique, où il monte une pièce pour raconter sa vie, évacuer ses douleurs et dévoiler ses rêves. «Je voulais devenir chauffeur d'un camion blanc qui transporte du lait sur la voie lactée», crie Ali. Colorée grâce à un choix étudié des costumes, Darb Al Tabana est une pièce bien menée par Missoum Laroussi qui semble avoir compris que le théâtre est d'abord un spectacle. La scénographie pratique a grandement contribué à donner une allure vivace à la représentation théâtrale. Les comédiens Rabie Ouadjaout, Benaouda Nekaa, Sabrina Khelif, Ikram Bouchoucha, Mohamed Kamel Belbioud et Khaled Guerbouz ont communiqué leur joie de jouer au public. Ce qui est déjà une prouesse. La chorégraphie conçue par Aïssa Chouat a appuyé l'expression dramaturgique voulue par Missoum Laroussi. Autant que la musique de Hamza Hamiche. Le contenu d'essence contestataire rejoint la forme esthétique dans cette pièce à travers laquelle Missoum Laroussi rend un hommage artistique sournois à la folie et à ses beautés cachées ! Le quatrième mur est brisé comme pour suggérer que la comédie de la vie poursuit ses épisodes à rebondissement à la vitesse du vent et de l'oubli. Darb Al Tabana fut la pièce-diplôme de Missoum Laroussi à l'ex-INADC (actuel ISMAS, Institut supérieur des métiers des arts de spectacle) de Bordj El Kiffan, à Alger. Le nouveau spectacle présenté à Sidi Bel Abbès est dédié à Samir Ouadhah et Khirddine Amroune, ex-camarades d'institut du metteur en scène, aujourd'hui disparus. «Missoum n'a pas oublié ses deux amis qui étaient avec lui dans le groupe. Les prénoms donnés dans cette pièce sont ceux de tous les comédiens qui avaient pris part à la pièce-diplôme. Dans la nouvelle pièce, certains comédiens montent pour la première fois sur scène. L'un d'eux est danseur, l'autre fait du sport de combat. Nous avons tiré profit de leurs capacités physiques pour nourrir le spectacle», a souligné Farouk Khelif, conseiller artistique de la coopérative Asdikaa Al Fan de Chlef, qui a coproduit la pièce avec la maison de la Culture de Relizane.