La hausse des prix du pétrole a créé de nouveaux problèmes pour les compagnies pétrolières qui avaient négocié des contrats au moment où les prix étaient à un niveau nettement inférieur. Le Tchad vient de frapper un grand coup en ordonnant l'expulsion des représentants de deux compagnies (Chevron et Petronas) membres du consortium qui exploite un grand gisement dans le pays. La raison officielle invoquée est le non-paiement de l'impôt sur le bénéfice que les compagnies doivent payer au gouvernement. Le litige porterait sur 450 millions de dollars, selon certaines sources. Toutefois, la mesure ne touche pas la compagnie américaine ExxonMobil, qui détient 40% des intérêts du gisement de pétrole. Petronas détient 35% alors que Chevron possède 25%. La réputation de la compagnie américaine Chevron et celle de la compagnie malaise Petronas en prennent un coup. Chevron est le troisième groupe pétrolier au monde, tandis que Petronas figure en bonne place dans le classement qui comprend les compagnies d'Etat. Le gouvernement tchadien reproche aussi aux compagnies de réaliser des bénéfices énormes alors que le Tchad ne reçoit qu'une infime partie des revenus. Cet état de fait a amené le gouvernement à créer dernièrement une compagnie nationale des hydrocarbures (Société des hydrocarbures du Tchad) avec l'objectif de la faire participer à l'exploitation du gisement pour augmenter les rentrées d'argent au profit du pays. Le 22 août dernier, dans un communiqué officiel du Conseil des ministres, le président tchadien Idriss Deby avait demandé au gouvernement de négocier la convention de 1998 avec le consortium pétrolier pour lui permettre d'entrer dans la production pour mieux en profiter et disposer des ressources nécessaires aux financements de ses projets de développement et de réduction de la pauvreté. Au mois de juillet dernier, le Tchad a pu régler un litige avec la Banque mondiale sur l'utilisation des revenus du pétrole après que le gouvernement tchadien ait menacé de fermer le robinet. La pression exercée actuellement par le gouvernement tchadien sur les compagnies est liée à sa volonté d'entrer dans le consortium par l'intermédiaire de la nouvelle compagnie nationale des hydrocarbures. La négociation de l'exploitation du gisement de pétrole s'est faite à une époque où le Tchad avait besoin de partenaires et de financement, lequel a été garanti par la Banque mondiale. Actuellement, le Tchad veut s'inscrire dans un mouvement qui a touché plusieurs pays, ces dernières années, à la faveur de la hausse des prix du pétrole. Les gouvernements qui font face à d'énormes besoins financiers veulent tirer profit de l'exploitation du pétrole que recèle leur sous-sol pour pouvoir financer le développement. C'est lundi que la notification de suspension des activités des deux compagnies a été remise par le gouvernement. Aux représentants des sociétés, le gouvernement leur avait demandé de fermer leurs bureaux et quitter le pays. Jusqu'à présent, la seule réaction officielle qui a été notée du côté des deux sociétés est celle du Premier ministre malais qui a ordonné une enquête sur le reproche fait à Petronas. Si l'accusation des autorités tchadiennes se confirme, le gouvernement, qui dispose encore d'un partenaire, en l'occurrence ExxonMobil, premier groupe pétrolier au monde, pourra prendre le contrôle d'une partie du gisement, qui produit environ 200 000 b/j.