Les nouvelles voies de coopération et les moyens mis en œuvre pour faire face aux défis de l'avenir ; les stratégies d'investissement des compagnies internationales ; leurs relations avec les compagnies d'Etat ; les compagnies parapétrolières et les contraintes en matière de ressources naturelles et humaines. Autant de thèmes pour traiter d'un sujet d'une actualité, sans jeu de mots, brûlante, celle du marché pétrolier mondial, à la faveur du 9e sommet pétrolier de Paris qui a eu lieu jeudi et dont l'invité d'honneur a été le ministre saoudien du Pétrole, Ali El Nouaïmi. A ce sommet, Sonatrach était représentée par son PDG, Mohamed Meziane. Le 9e sommet pétrolier de Paris, organisé par la revue spécialisée Pétrostratégies et l'Institut français du pétrole a été le cadre d'un constat, en plus de l'expression d'une nécessité impérieuse formulée par les dirigeants de compagnies internationales telles que Total ou Shell et de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), celle d'un dialogue politique et économique confiant et d'un partenariat renforcé pour stabiliser et réguler un marché mondial que Nourredine Aït Laoussine, (président de Nalcosa, ancien ministre algérien de l'Energie), président du sommet a qualifié d'« incertain » et de « volatil », et en faisant référence à des « transformations radicales et permanentes » des conditions de ce marché. « Très peu de spécialistes peuvent avancer des analyses éclairées sur l'augmentation continue des prix du pétrole », a avancé le PDG de Total, Christophe de Margerie. La plupart des analystes s'attendent à ce que la hausse continue dans une fourchette assez large. « Devons-nous continuer à faire confiance aveuglément aux mécanismes du marché pour réguler les prix ? », s'est-il demandé. « Il faut apaiser les rhétoriques alarmistes qui continuent à être à l'origine de la source de cette hausse des prix ». Et d'avancer un « besoin de plus grande proximité de dialogue politique et économique ». « Plus que jamais le besoin pour les sociétés pétrolières nationales de collaborer avec les sociétés internationales est vital. Je suis contre ceux qui cherchent à dresser les uns contre les autres. La vraie question est : comment allons-nous régler les problèmes auxquels nous sommes confrontés, satisfaire la demande. Comment remédier à cette inflation des prix ? », a encore indiqué le PDG de Total. Malcolm Brinded, directeur de l'exploration et de la production de Shell a affirmé pour sa part que sa compagnie a investi 1,2 milliard de dollars dans le développement technologique. « Les sociétés internationales doivent développer les compétences des pays hôtes », a-t-il dit. « Le pétrole et le gaz deviendront de plus en plus difficiles à exploiter, d'où la nécessité d'aller vers de nouvelles ressources », a-t-il fait valoir. Et aussi que « les prix augmentent, les coûts de production aussi. » Pierre Terzien, rédacteur en chef de Pétrostratégies rappelle que la moitié de la planète achète le pétrole à des prix inférieurs au marché, ce qui fait que la demande continue de croître. Pour l'autre moitié, l'Europe est protégée par l'effet euro. Le prix de l'essence dans les pays européens n'a augmenté que de 30%. Nouvel ordre mondial en matière pétrolière ? Hassan Qabazard, responsable de la division Recherche de l'OPEP, a indiqué, pour sa part, que des défis de nombreuses natures s'étendent sur toute la chaîne de l'activité pétrolière et que l'interdépendance est essentielle dans l'industrie pétrolière. « Le pétrole est devenu un actif financier », selon le représentant de l'OPEP, qui a rappelé que l'Organisation des pays producteurs de pétrole a joué un rôle important dans les moments de volatilité du marché. « Nous avons continué de rassurer le monde sur les contrats à terme. ». Et, « il y va de notre intérêt de réduire la volatilité qui étrangle le marché et qui dure depuis longtemps. » « Il y aura une forte demande de pétrole dans les prochaines décennies, l'industrie pourra y répondre mais il faudra plus d'investissements en amont. » Fatih Birol, chef du secteur économique de l'AIE a relevé que l'élasticité des prix de l'offre et de la demande se réduit, que les prix augmentent, la demande aussi. Ce qui représente une tendance économique nouvelle. L'essentiel de l'accroissement de la demande vient de l'émergence de nouveaux pays consommateurs comme la Chine et l'Inde, a précisé le représentant de l'AIE, tandis que 95% de la demande concernent le secteur des transports. Et d'avancer que « l'on va vers un nouvel ordre mondial en matière pétrolière. » Saïd Nachet, directeur du Forum international de l'énergie, dont le siège est à Ryad, note que la volatilité du marché est un frein à l'investissement et il signale que les coûts d'investissement en amont ont doublé ces quatre dernières années. « Sans de nouvelles politiques, les émissions de CO2 risquent d'augmenter de 56% d'ici 2030. Il faut une forte décarbonisation du secteur pétrolier. Ce qui suppose de grands investissements », avance le directeur exécutif de l'AIE, Nobuo Tanaka. « L'AIE et l'OPEP coopèrent déjà dans la technologie de captation et de stockage de CO2 », a-t-il ajouté. Soulignant que les pays de l'OPEP représentent les réserves les plus nombreuses et les moins coûteuses, le directeur de l'AIE estime qu'« il va être urgent d'investir pour établir un coût sain de pétrole à l'amont et à l'aval » et préconise « une nouvelle révolution énergétique qui transforme la manière dont nous produisons et utilisons le pétrole ». L'augmentation des prix n'est pas due à une pénurie de production mais à une multiplicité de facteurs. L'affaiblissement du dollar depuis deux mois est la principale raison du réajustement des prix selon le directeur de l'AIE.