Il y a de quoi perdre le nord devant ces dénégations en série que l'on assène aux Algériens avec un telle désinvolture, à coups de déclarations pompeuses, de démentis et de communiqués officiels ! Alors que la contestation contre le gaz de schiste à In Salah était à son apogée, relayée par des images parlantes via les réseaux sociaux et les médias, les pouvoirs publics, avec à leur tête le Premier ministre, s'employaient à balayer allégrement d'un revers de la main ce qui se dit et s'écrit sur cette crise. Un autre sujet de polémique qui s'invite régulièrement dans le débat politique : la santé du Président. Réagissant aux doutes et critiques formulées par l'opposition quant à la paternité du message du 19 mars prêtée au président de la République, le Premier ministre, M. Sellal, depuis Ouargla, et le secrétaire général du FLN, M. Saadani, depuis Sétif, se sont chargés de rassurer que le président Bouteflika «se porte bien» ; une manière détournée de confirmer qu'il en est bel et bien l'auteur matériel et intellectuel de l'allocution énigmatique qui avait fait couler beaucoup d'encre. De démenti en démenti, l'actualité diplomatique de cette semaine aura été le must dans l'art du pouvoir de rafraîchir la devanture du système en utilisant les mêmes procédés et artifices de la langue de bois et du déni de vérités et de témoignages puisés à la source. Ainsi donc, à en croire le communiqué du ministère des Affaires étrangères rendu public suite aux difficultés rencontrées par l'équipage du vol d'Air Algérie chargé de rapatrier nos ressortissants bloqués au Yémen, tout ce qui a été rapporté sur le refus de l'Arabie Saoudite d'autoriser le survol de son territoire à l'avion algérien n'est que pure affabulation. «Les relations entre l'Algérie et l'Arabie Saoudite sont solides et cordiales», assène avec un aplomb qui ne convainc personne le porte-parole de AE, qui explique le cafouillage dans la conduite de cette mission par des aléas strictement climatiques. Quelques heures auparavant, le commandant de bord du vol en question, encore sous le choc, avait témoigné dans les colonnes d'El Watan sur les circonstances dans lesquelles s'était effectuée cette mission avec un tel souci du détail qu'il est difficile de ne pas croire en sa bonne foi. Quel intérêt avait-il à inventer cette histoire de comportement à la limite de l'agressivité de la part des Saoudiens à l'égard d'un pavillon national en survolant le royaume saoudien ou à Sanaa de la part des agents saoudiens officiant à l'aéroport de la capitale yéménite ? La raison d'Etat, que l'on confond souvent chez nous avec celle des régimes, peut-elle justifier ces atteintes répétées à la dignité et la fierté des Algériens que nos responsables ne veulent ni voir ni entendre, même lorsqu'elles sont proférées de façon outrageante dans des rencontres régionales ou internationales par des pays supposés alliés et amis de l'Algérie ? On se rappelle comment l'ancien ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avait été vertement tancé dans une réunion de la Ligue arabe, par son homologue qatari, sans que cela ne soulève l'indignation de notre diplomatie, qui a pour règle de toujours tendre l'autre joue quand elle reçoit une gifle. Mentir, toujours mentir, il en restera toujours quelque chose, c'est là, la devise de nos gouvernants qui ont adopté pour stratégie de défense de ne jamais plaider coupable, quelles que soient les circonstances, même devant à un dossier à charge des plus accablants.