Quelques jours après que le PDG d'Air Algérie n'arrive à l'heure au forum du quotidien Liberté pour expliquer qu'il n'y aurait plus de retard sur les vols de la compagnie, une polémique dépassant le cadre aérien s'installait. L'Arabie Saoudite a-t-elle sciemment bloqué un avion d'Air Algérie en représailles de sa non-participation au bombardement du Yémen ? Aucun communiqué officiel n'est venu apporter d'éclaircissement sur cette affaire, ni du PDG d'Air Algérie ni d'ailleurs, encore moins une condamnation ou une manifestation du FLN et des scouts musulmans. Mais est-ce bien vrai ? D'abord, le ministre des Affaires étrangères, M. Lamamra, n'a pas exclu une aide logistique pour le bombardement du Yémen, opération traitée de concert avec l'axe Tel-Aviv-Washington qui entend bien faire régner l'ordre féodal des monarchies sunnites arabes dans la région. Ensuite, les relations algéro-saoudiennes ont toujours été empreintes de respect, d'amitié, d'outardes, de salafistes et de financement du terrorisme. Alors, pourquoi l'Arabie Saoudite, vague royaume de sable créé par les Anglais, en voudrait-elle au pays en dur des 1,5 million de martyrs ? Si l'information des représailles s'avère vérifiée, l'Algérie et sa diplomatie auront donc perdu sur les deux tableaux. En envisageant la possibilité de participer logistiquement à l'opération de l'Alliance saoudienne, elle avait déjà renié ses principes de non-alignement et déclaré son hostilité à l'Iran et à une partie du Yémen qui ne lui ont rien fait. Puis, en n'allant pas plus loin que la parole, elle s'est faite remonter les bretelles par un lointain roi en se faisant interdire le survol du territoire familial des Al Saoud, prenant les hadjs en otages. C'est l'ironie du sort : l'Algérie qui a toujours refusé d'ouvrir son ciel à la concurrence commerciale vient de se voir interdire le survol d'autres cieux par la concurrence politique.