«Les oligarques vont tôt ou tard se retourner contre les responsables qui leur ont ouvert les portes», a affirmé Mme Hanoune lors d'un meeting, hier à Oran. Notre programme est socialiste et nous sommes fiers d'être restés fidèles à nos principes», a déclaré Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, qui intervenait lors d'un meeting organisé, hier, à la salle El Feth d'Oran. Plusieurs thématiques ont été prises en compte dans son discours, mais cette question liée à l'économie politique a été particulièrement développée. Les oligarques algériens ont été montrés du doigt d'abord parce que la porte-parole du PT estime qu'ils n'ont aucune culture politique et sont donc incapables de défendre les intérêts du pays : «L'oligarchie n'est pas la bourgeoisie car cette dernière investit pour créer de la richesse contrairement à l'autre qui n'est jamais rassasiée de dilapider l'argent public.» Soucieuse de la stabilité du pays face aux menaces extérieures de type impérialiste qui voient dans les pays comme le nôtre un vaste marché où écouler des marchandises ou exploiter ses richesses, elle prévient les décideurs du fait que «les oligarques vont tôt ou tard se retourner contre les responsables qui leur ont ouvert les portes». La situation en Ukraine et les tentatives de putsch contre le président vénézuélien Nicolas Maduro sont analysées sous cet angle. Pour mieux illustrer ses propos, elle rappelle les événements vécus en Algérie en 2010 autour de la crise dite de l'huile et du sucre et qui a fait, selon elle, plier l'Etat qui n'a rien fait pour parer aux effets néfastes des monopoles privés sur des denrées aussi essentielles. Elle se base également sur l'épisode de l'affaire Abdelmoumen Khalifa qui a dilapidé de l'argent public avec la complicité de hauts responsables de l'Etat qui ne sont jamais inquiétés, précise-t-elle. «Les juges ne sont pas protégés et c'est pour cela que ce sont souvent les lampistes qui payent à la place des vrais coupables», explique-t-elle, qualifiant ces derniers de prédateurs. Les chiffres confirment une certaine tendance au laisser-aller avec un secteur informel qui brasse près 3700 milliards de dinars selon le Premier ministre et une évasion frauduleuse de devises à hauteur de 60 milliards de dollars, selon le président de la République. Mme Hanoune se demande pourquoi le privé bénéficie de 60 milliards d'effacement de dettes fiscales alors que la fraude est évaluée à 5000 milliards. Tout cela pour remettre en cause la politique économique, notamment celle liée au commerce extérieur qui, puisque le gouvernement ne veut plus revenir au monopole de l'Etat, va favoriser quelques privilégiés au détriment des petits trabendistes. «Regardez ce qui se passe autour de vous et lisez l'histoire», conseille-t-elle aux décideurs, après avoir évoqué les bouleversements qui s'opèrent dans le monde. «Les révolutions naissent pour deux raisons : l'exploitation d'une majorité du peuple par une minorité de privilégiés (sociale) ou alors l'oppression et la dictature (politique).» Selon Louisa Hanoune, les deux facteurs étaient réunis pour le cas de la Tunisie, mais ce n'est pas suffisant pour parler de réussite car la révolution a été dévoyée, comme c'est particulièrement le cas pour l'Egypte. Une manière de dire que l'espoir est permis, car le processus ne fait que commencer. Pour les autres cas, ce sont les visées impérialistes qui sont mises en avant et c'est à cause de ces menaces que le PT tempère sa revendication d'une assemblée constituante pour parler d'une réforme effective de la Constitution avec comme préalables l'abrogation du code de la famille, l'institutionnalisation de tamazight et son enseignement obligatoire au même titre que l'arabe, ainsi que la suppression du Sénat au profit d'une seule Assemblée souveraine et jouissant de prérogatives élargies. La réforme de la Constitution n'est qu'au stade d'avant-projet et la secrétaire général du PT s'étonne que la télévision algérienne invite le président de l'APN à en débattre avec les journalistes, auxquels il n'a d'ailleurs pas répondu de manière claire. «L'Assemblée est censée être pluraliste mais personne ne l'a mandatée pour parler en son nom», déplore-t-elle, en pensant qu'il s'agit là aussi d'une énième tentative de brouiller les pistes. Le «cafouillage» concerne aussi la rumeur sur un prétendu deuxième round de consultations avec les partis et les personnalités, auquel le PT ne participera pas.