Un événement majeur que d'aucuns espèrent servir de catalyseur à une ville au passé glorieux, mais qui a longtemps péché par une léthargie renversante. Pour être fidèle au rendez-vous, Constantine s'est préparée dans la douleur, dans la confusion et au rythme d'accusations et de contre-accusations. Constantine pré-événement culturel aura été, en définitive, un concentré de critiques acerbes, de violentes diatribes et de dévastateurs «tirs amis». Les projets en ont pâti et rares sont ceux qui seront réceptionnés. En chef de file de cet embrouillamini ambiant, le wali, Hocine Ouadah, après avoir marmonné et rouspété, a fini par exploser en désignant à la vindicte populaire les élus et le mouvement associatif. «Ce n'est pas moi, c'est l'autre !», est un leitmotiv qui a beaucoup rythmé les préparatifs de cet événement culturel. Au bout du compte, les différents acteurs et intervenants, qui devaient œuvrer au service unique de cette ville bimillénaire n'ont pu parvenir à aucun dénominateur commun ou «smig» consensuel. La pièce a été de mauvaise facture où chaque acteur se moquait royalement de travailler dans la collégalité. Résultat : des accusations tous azimuts, des projets qui piétinent et, pendant ce temps, les citoyens détournent la tête et regardent ailleurs. L'histoire retiendra néanmoins une chose, à savoir que Hocine Ouadah aura été l'argentier en chef de la manifestation, le seul à avoir décidé du sort de la super cagnotte de 60 milliards de dinars. Il avait reçu carte blanche pour tout orchestrer. En cas de succès, il en tirera forcément les dividendes, mais en cas d'échec, il en subira les conséquences. L'effet boomerang Pour les plus optimistes, ceux qui préfèrent voir la bouteille à moitié pleine qu'à moitié vide, ils éprouveront de la peine à trouver des choses positives à mettre dans leur escarcelle. Une pâle et budgétivore copie du Zénith, deux antres de la culture péniblement refaits, un théâtre réaménagé et d'innombrables taches noires. Alors ministre de la Culture, Khalida Toumi avait exigé, fin 2013, que 50% au moins des projets soient réceptionnés avant l'ouverture de la manifestation, le reste devait être finalisé au fur et à mesure au cours de l'année 2015. Avec moins d'une dizaine de projets réceptionnés avant le jour J, nous sommes aujourd'hui bien loin des 75 projets annoncés au départ ! Cela dit, l'événement aura lieu avec ce qui a été achevé à la hâte, dans la précipitation avec toutes les inévitables malfaçons. Une réalité qui ne peut en aucun cas servir la gestion du wali, d'autant que ce dernier a cultivé la suspicion autour de lui, en jetant notamment l'anathème sur les autres, ne trouvant aucune âme «positive» dans tout Constantine. Irrité, épuisé, Ouadah semble en vouloir à tout le monde et récolte l'effet boomerang de sa gestion en solo. Les autres ne sont pas non plus exempts de reproches. Ils lui renvoient la balle en faisant le mort et en tirant sur lui à tire-larigot à la moindre occasion. Les différentes parties impliquées offrent ainsi une bien triste image de ce qui devait être une chance unique pour l'antique Cirta de se remettre au niveau des grandes villes arabes, voire méditerranéennes. Même le commissariat en charge des festivités culturelles nous a «gratifiés», en février dernier, d'un grand déballage médiatique, lequel, sous d'autres cieux, aurait certainement conduit le parquet à ouvrir une information judiciaire. Constantine capitale de la culture arabe 2015, c'est du grand art et de l'animation à vous laisser pantois. Mais en dépit de tout, la fête aura lieu, et ce, durant toute une année. Bonne fête culturelle !