Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Lubomír Zaorálek, est attendu ce soir à Alger, où il doit s'entretenir avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra. Au menu des discussions entre les deux responsables figure en bonne place le renforcement des relations bilatérales entre l'Algérie et la Tchéquie. Dans l'entretien qu'il a bien voulu nous accorder, M. Zaorálek suggère qu'il n'existe aucune ligne rouge en matière de coopération entre les deux pays. - Peut-on connaître l'objet de votre visite en Algérie ? De quoi sera-t-il question lors de vos entretiens avec votre homologue algérien ? Il s'agit d'une visite qui vient après celle effectuée par l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères, M. Medelci, en République tchèque en novembre 2011. La réciprocité dans nos relations fonctionne de manière satisfaisante et notre souhait est de la respecter. Moins formel, mais tout aussi important, est le fait que pour la République tchèque, l'Algérie représente historiquement un pays ami avec lequel il est possible de déployer tous les efforts pour la mise à profit maximale du potentiel de coopération qui s'offre. La République tchèque cherche aussi à ne pas négliger le monde en dehors de l'Union européenne. Avec l'Algérie, nous tenons à maintenir le dialogue politique et à coopérer dans les domaines économique, commercial, militaire et ainsi que dans la sphère de la culture et de l'éducation. Parmi les principales questions qui seront à l'ordre du jour de mes entretiens avec le ministre Lamamra, il y aura la révision de l'agenda bilatéral et les perspectives d'avenir, le rôle de médiateur et de stabilisateur de l'Algérie dans les régions du Maghreb et du Sahel, internationalement apprécié, la lutte contre le terrorisme et, sans oublier, la coopération de l'Algérie avec l'Union européenne. D´ailleurs, j´arrive à Alger directement de Barcelone, où a eu lieu la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne et des pays de la Méditerranée. - A l'époque de la Tchécoslovaquie, les relations entre les Algériens et les Tchèques étaient plus qu'amicales. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Comme je l'ai déjà dit, nous percevons l'Algérie comme un pays ami. C'était le cas par le passé et ça l'est toujours. Je ne parle pas seulement du soutien de la Tchécoslovaquie à l'Algérie dans la lutte pour l'indépendance et de la coopération multiple ultérieure. Notre ambassade se trouve à Alger de façon permanente et n'a jamais été fermée. L'ambassadeur est toujours resté présent, même durant la période difficile de la décennie noire. Il est vrai qu'en comparaison avec les périodes de la Tchécoslovaquie, le contexte politique international a changé, mais l'amitié est restée. Actuellement, nous essayons de créer les conditions pour mettre à profit, de la manière la plus efficace qui soit, notre coopération bilatérale. - Dans le tableau des échanges commerciaux et économiques entre l'Algérie et l'Europe, la Tchéquie est en bas du classement. Quelles en sont raisons ? Est-ce à dire que le marché algérien n'intéresse pas beaucoup les entreprises tchèques ? Actuellement, la République tchèque diversifie plus activement la politique étrangère dans le domaine économique. L'Algérie est un partenaire intéressant. Pour parler chiffres, l'Algérie est notre deuxième plus important partenaire en Afrique du Nord. Au cœur de nos relations économiques, il y a le commerce et la réparation des équipements fournis. Le volume des échanges est d'environ 350 millions de dollars avec une position dominante de nos exportations. Le produit phare de nos exportations est la voiture de tourisme Škoda. Ce volume aurait été sans doute beaucoup plus élevé, si nous importions chaque année le pétrole ou le gaz algériens. Même si nous pouvions en général nous y prendre mieux… mais il en est toujours ainsi. Pour moi, il est important que la tendance des échanges mutuels à long terme reste positive. - Si les entreprises tchèques devaient venir en Algérie, dans quels secteurs pourraient-elles intervenir ? Les sociétés tchèques sont déjà sur le marché algérien. En plus des automobiles, sont exportés également des produits sidérurgiques, des équipements électriques, des machines-outils, du verre de construction, des rouleaux compresseurs, des unités de stockage, des produits en plastique, du matériel de cuisine et des produits alimentaires. Cela s´est diversifié. Et, certainement, nous aurions aussi quelque chose à offrir dans le domaine de l'épuration des eaux usées, de l'agriculture, de l´équipement médical et du matériel sanitaire. - Comment évaluez-vous la coopération militaire et sécuritaire entre votre pays et l'Algérie ? Les questions de défense et de sécurité seront-elles justement à l'ordre du jour de vos entretiens avec votre homologue algérien ? La coopération dans les domaines militaire et sécuritaire est traditionnellement l'un des piliers de notre coopération. L'Algérie a le plus grand budget militaire en Afrique, ce qui en fait un partenaire attractif. Cela a été confirmé aussi lors de la visite d'une délégation du ministère algérien de la Défense en République tchèque l'an dernier. Sans doute, ces questions ne seront pas omises dans les discussions entre mon homologue et moi. Pour ma part, je serai heureux si, dans un proche avenir, on réussissait à réaliser la visite du ministre tchèque de la Défense ici, afin qu'il puisse discuter de ces questions d´une manière plus large et plus détaillée.