La présence d'un membre du gouvernement français à la cérémonie commémorative des événements du 8 Mai 1945 à Sétif se précise. Annoncée il y a quelques jours, l'arrivée du secrétaire d'Etat français aux Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, a été confirmée, avant-hier à Alger, par le président de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées au Sénat français, Jean-Pierre Raffarin. S'exprimant à l'issue d'une audience que lui a accordée le président Bouteflika, le sénateur français affirme avoir évoqué avec le chef de l'Etat «un certain nombre d'échéances heureuses», comme la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» et «des échéances de devoir et de responsabilité» comme la venue prochaine d'un membre du gouvernement français à Sétif dans le cadre de la commémoration des massacres du 8 mai 1945. Pour la première fois un membre du gouvernement français se déplacera à Sétif dans le cadre d'un «voyage mémoriel». Jean-Marc Todeschini ne participera pas, cependant, à la cérémonie officielle qui se tient, habituellement, le 8 mai. Il arrivera, «pour des raisons d'agenda», le 19 avril prochain pour une visite qui s'étalera jusqu'au 21 avril. Le secrétaire d'Etat français sera porteur, selon un communiqué de son cabinet, «d'un message de son gouvernement qui consiste à dire qu'aucune mémoire n'est oubliée, on est dans une mémoire apaisée». Mais du côté algérien et de certaines associations françaises, on s'attend toujours à des gestes forts, tels que la reconnaissance des crimes commis par l'armée coloniale et la présentation par le gouvernement français d'excuses officielles. Une demande qui n'est toujours pas satisfaite. Jusque-là, des responsables français n'ont reconnu qu'à demi-mot cette atrocité. Le 27 février 2005, l'ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, avait, rappelons-le, fait le déplacement à Sétif et a avoué, pour la première fois à ce niveau de représentation, une responsabilité de la France dans les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata. L'ambassadeur avait évoqué, à l'époque, la «tragédie inexcusable». En décembre 2012, le président français, François Hollande, a, lui aussi, reconnu «les souffrances que la colonisation a infligées aux Algériens». François Hollande a dénoncé «un système colonial profondément injuste et brutal», en précisant que le travail de mémoire reste compliqué entre les deux pays. Pour rappel, la question de la mémoire a toujours été à l'origine des tensions entre l'Algérie et la France ces dernières années. Notamment durant le mandat de Nicolas Sarkozy à la tête de l'Etat français. Le vote par l'Assemblée française d'une loi glorifiant le colonialisme a, rappelons-le, envenimé les relations entre les deux pays. Le rapprochement n'a eu lieu qu'en 2012, soit après l'élection du président François Hollande et sa visite en Algérie en décembre de la même année.