C 'est aujourd'hui que sera clôturé le Salon de l'optique et de la lunetterie qui se tient depuis jeudi au Palais des expositions, Pins maritimes (Alger). Ouverte aux professionnels, cette première édition a réuni une vingtaine d'exposants (fabricants de verres, importateurs, distributeurs, opticiens) et a permis de mettre au jour la désorganisation d'un secteur touché par l'informel. «Le Salon de trois jours est ouvert aux professionnels et plus particulièrement aux opticiens. Mais cela ne veut pas dire que le public n'y est pas invité. C'est d'ailleurs l'occasion pour le visiteur lambda d'être sensibilisé sur la contrefaçon. Par exemple, des lentilles de contact contrefaites sont écoulées malgré leur dangerosité. Une journée a été organisée l'année dernière sur la contrefaçon ; une autre se tiendra à l'hôtel El Aurassi les 2 et 3 juin prochain», signale M. Hessas, directeur général de RH International Communication, organisateur de l'événement. Les produits écoulés par certains opticiens ne répondent pas aux normes et constituent un danger pour les consommateurs. «Des ophtalmologues sans scrupules leurrent leurs patients en ne prenant pas tout le temps nécessaire pour les visites. Il en est de même de certains opticiens indélicats qui écoulent, avec à la clé des marges importantes, un produit qu'on nomme dans le métier le PVC en référence à la matière utilisée. Les verres aussi ne sont pas toujours labellisés. Mêmes les nettoyants sont de mauvaise qualité, puisqu'ils contiennent un fort taux d'ammoniac. Malgré tous les gains engrangés par tous les intervenants, on continue de vendre sans contrôle des produits dangereux pour les consommateurs. En parallèle, des gens sérieux abandonnent sous la pression, à l'instar de ce producteur de verres ophtalmiques de Tizi Ouzou, fragilisé par des grèves à répétition», s'indigne Rabah Sadoudi, distributeur de la wilaya de Tizi Ouzou. Activité à vau-l'eau ! Il existerait actuellement quelque 1800 opticiens, 12 000 ophtalmologues, 25 000 spécialistes pour 62 000 non-voyants, selon M. Hessas, qui reprend des chiffres communiqués lors d'un forum par le professeur Amar Ailem. L'activité de la lunetterie est désorganisée. Des tentatives engagées par certaines bonnes volontés ont échoué. «Il y a eu deux tentatives pour mettre en place une association. La première a été engagée début 2000. Un bureau a même été installé, mais des membres se sont retirés. Pour quelle raison ? Je l'ignore. Une deuxième tentative a été lancée en 2010, à l'occasion de la tenue d'un Salon de l'optique à Sidi Fredj, malheureusement, là aussi, ce fut un échec. Cela fait mal au cœur qu'une telle activité ne soit pas encadrée. Il est inconcevable qu'on puisse activer sans encadrement ni cadre juridique», s'offusque M. Hessas. Le Salon de l'optique a été placé sous le patronage du ministère de la Santé, mais aucun représentant de ce département n'est venu, jeudi. A la place, la manifestation a été inaugurée par la formation professionnelle, représenté par l'inspecteur général Nouar Bourouba. Un stand a été installé par ce ministère qui a ouvert une formation depuis 2002. Sauf que le ministère de la Santé refuse que des apprentis-opticiens sortent des CFPA. Le département de la Santé estime que le métier doit être ouvert aux seuls universitaires. «Le CFPA Smaïl Yefsah de Bab Ezzouar prodigue un apprentissage de qualité. Mais à la sortie du centre, on ne peut pas ouvrir à notre compte. On doit obligatoirement travailler chez un opticien déjà installé sur la place», signale Dib Khaoula, stagiaire. Des producteurs de verres et de montures étrangers sont intéressés par le marché local. Ben.x, société turque, qui a disparu un temps, vient d'engager un distributeur national. «Ben.x est leader en Turquie. C'est le premier producteur de verres dans ce pays. 2,1 millions de lunettes sortent de ses usines. Ses produits ont plusieurs avantages ; ils ne sont pas chers mais surtout sont anti-allergiques. Le plastique utilisé est le TR90 et IMS suisse. La mouture est flexible, incassable et d'un meilleure esthétique», précise Noureddine Gherib, distributeur officiel en Algérie. La société, connue de opticiens, dispose de locaux à Alger (Birkhadem), à Bou Saâda et dans d'autres villes. Certains nationaux sont aussi engagés dans la production labellisée de verres, telle la société Loulou. Installée à Alger, la société propose aussi d'autres produits tels que les nettoyants sans ammoniaque, informe Loulou Nacim, gérant de la société Mely Clean, qui dispose d'un local à Hussein Dey. La prochaine édition du Salon de l'optique sera organisée du 23 au 26 octobre 2015, signale M. Hessas.