Le président de la zaouïa de Chellata garde l'espoir que le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs réagisse. L'association religieuse Zaouïa de Chellata (Akbou) est montée au créneau pour revendiquer l'ensemble des terres restituées aux héritiers de l'ex-bachagha Benali Cherif. Ainsi, le conflit perdurant entre ces derniers d'une part et plusieurs villages de l'arch d'Illoula Oussameur d'autre part, gagne en ampleur avec l'entrée en lice de la zaouïa de Chellata. « Les terres restituées aux héritiers de l'ex-bachagha reviennent de droit à la zaouïa de Chellata. Historiquement et juridiquement ces terres lui appartiennent et les soi-disant héritiers ne sont que des usurpateurs. S'agissant des biens des Habous, nous sollicitons l'intervention du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs pour aider la zaouïa à recouvrer ses terres », nous dit Chennit Rachid, initiateur de la renaissance de la zaouïa de Chellata. Selon notre interlocuteur, les documents qu'exhibent les héritiers de l'ex-Bachagha « ne sont pas authentiques ». Cela étant, il demande la constitution d'une commission d'enquête nationale indépendante pour déterminer les tenants et aboutissants de cette affaire foncière. Le président de la zaouïa de Chellata garde l'espoir que le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs réagisse pour arrêter le massacre de ces terres. A noter dans ce contexte que la restitution par décision n° 1589 du 30 décembre 1998 du wali de Béjaïa de l'époque a suscité le mécontentement des milliers de citoyens. De même, l'APW, l'UNPA et la chambre d'agriculture de la wilaya de Béjaïa ont fait opposition à cette restitution à l'origine d'un engrenage de contestations contre l'ironie de l'histoire. Etant injoignables, nous n'avons pu avoir la version des héritiers de l'ex-bachagha dont plusieurs d'entre eux se sont établis en Tunisie. Pour remonter à l'origine de ce conflit, un rappel historique succinct ne sera pas de trop. Selon les documents de l'époque recoupés par d'autres sources, Mohamed Benali Cherif Mohamed Saïd Benali Cherif, Taleb distingué, a rendu d'énormes services à la cause française notamment dans l'oued Soummam à l'époque où Boubaghla souleva les massifs de la Kabylie des Babors et des Bibans. Se sentant menacé par l'insurrection, Benali Cherif demanda la protection de la France. Le général français remercia Benali Cherif de sa fidélité pour la cause française et lui laissa à son entière disposition un contingent de soldats en attendant des renforts pour mener une offensive. Le 2 juillet 1851, les succès français sur l'insurrection ont rendu de l'influence à Benali Cherif. Les Illoulas, Ath Ouaghalis, Aouzelaguen et quelques autres tribus sont contraintes de former sous ses auspices une fédération pour résister aux futures attaques de Boubaghla. En restant fidèle à la politique française, Saïd Benali Cherif lui fut d'un grand secours ; car l'ascendant religieux de ce chef aurait pu tourner contre la France et créer de grands embarras. Ainsi, Benali Cherif, revêtu du haut titre de bachagha a épousé la sœur de bouakkaz Ben Achour agha de Ferdjioua et quitta Chellata pour descendre à l'Azib à proximité d'Akbou où il dispose d'une splendide résidence. Celle-ci construite près de l'oued Soummam sur des terres confisquées aux propriétaires, lesquelles terres sont traversées par un ruissellement d'eau pour irriguer les jardins verdoyants et des carrés de fleurs entourés de précieux palmiers avec un vaste verger de plantations de mandarines et d'orangers et tout autour une abondante forêt d'oliviers. Saïd Benali Cherif pour ne point se compromettre davantage à la fois aux yeux des insurgés et des autorités françaises quitta le cercle militaire d'Aumale (Sour El Ghozlane) puis rejoigna sa famille qui l'avait précédé à Alger où il possédait également une belle demeure. Invité par l'empereur Napoléon III à Paris, il assista à la distribution des aigles le 10 mai 1852. Auparavant, il fut décoré de la légion d'honneur française.