Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, 35 000 migrants sont arrivés par bateau dans le sud de l'Europe depuis le début de l'année et 1600 autres sont portés disparus. Avril restera certainement dans les mémoires des migrants comme un mois maudit. Un autre bateau avec plus de 300 migrants à son bord a fait naufrage, hier en Méditerranée, a annoncé l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), faisant état d'au moins 20 morts. «L'OIM à Rome vient de recevoir un appel demandant de l'aide d'un bateau dans les eaux internationales (...). La personne qui a appelé dit qu'il y a plus de 300 passagers sur son bateau et qu'il est en train de couler», a indiqué l'organisation internationale basée à Genève. Au moins 20 personnes sont mortes, selon la même source. Trois bateaux de migrants voguaient côte à côte en Méditerranée, a indiqué l'OIM sans préciser exactement dans quelles eaux ils se trouvaient. Les gardes-côtes «n'ont pas les moyens de les secourir maintenant» car ils manquent de ressources en raison du naufrage d'un chalutier ce week-end au large de la Libye, mais ils «vont probablement essayer de rediriger des navires commerciaux» vers le lieu où le bateau est en train de couler, selon l'OIM. Une opération pas facile car certains navires commerciaux «refusent de collaborer». Le bilan officiel du naufrage survenu dans la nuit de samedi à dimanche au large de la Libye est de 24 morts et 28 rescapés, mais il risque d'être beaucoup plus lourd, des survivants ayant fait état de la présence de quelque 700 personnes à bord du bateau. Face à l'étendue du drame, l'Union européenne a admis hier qu'elle devait enfin prendre à bras-le-corps la question des migrants en Méditerranée. «Nous n'avons plus d'alibi», a lancé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, avant une réunion conjointe des ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur de l'UE. «Les tragédies de ces derniers jours, de ces derniers mois, de ces dernières années, c'en est trop», a-t-elle martelé. La nouvelle du chavirement d'un chalutier, dimanche au large de la Libye, avec potentiellement 750 personnes à bord selon un survivant, a choqué le monde entier. Mais l'urgence est devenue encore plus évidente après l'annonce d'un autre naufrage, hier. La chancelière allemande Angela Merkel s'est dite, quant à elle, «bouleversée», affirmant que l'Europe devait «trouver des réponses». «On a besoin de mesures immédiates de la part de l'UE et des Etats membres», a assuré Mme Mogherini, citant le renforcement de l'opération européenne de surveillance maritime Triton, mais aussi une meilleure répartition de l'accueil des migrants au sein de l'Union alors que l'Italie, la Grèce, Malte et l'Espagne portent la quasi-totalité du fardeau. Les Européens sont très réticents à renforcer le secours en mer et à accueillir plus de gens, craignant que cela ne crée un appel d'air. C'est pourquoi, à court terme, il n'y a que le renforcement de Triton qui se profile. Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, 35 000 migrants sont arrivés par bateau dans le sud de l'Europe depuis le début de l'année et 1600 autres sont portés disparus. Les nouveaux migrants savent maintenant qu'ils n'ont rien à attendre de l'Europe en cas de danger de mort.