Djamel Saïdi est enseignant-chercheur à la faculté des Sciences, département de Biologie à l'université Hassiba Benbouali de Chlef. Il a à son actif une série de travaux de recherches sur les sols salés des plaines du Cheliff. Dans cet entretien, il aborde la situation des vergers agrumicoles dans la région. - Chlef est connue pour être une région agricole dominée par les agrumes. Quelle est la situation aujourd'hui ? L'Algérie était un pays exportateur d'agrumes de qualité mais, au cours de ces trente dernières années, elle n'arrive même pas à satisfaire les besoins locaux à cause d'une part, de la demande sans cesse grandissante de ce produit et, d'autre part, de la baisse de production des vergers. L'Algérie qui occupait vers les années soixante et soixante dix la dixième place mondiale dans la production des agrumes ne compte plus actuellement parmi les grands pays exportateurs. Elle se voit même dépassée par nos voisins Marocains et Tunisiens qui conservent leur présence sur le marché international de ce produit. En Algérie, le verger arboricole et viticole couvre actuellement une superficie de 411 300 ha, dont 45 040 ha d'agrumes. Le secteur des agrumes qui joue un rôle économique important, est classé parmi les filières les plus importantes de l'économie nationale. En raison de leurs exigences en eau et qualité des sols, les agrumes se concentrent principalement dans les plaines irrigables de la Mitidja (44%), du Cheliff (14 %), de Habra et Mascara (25 %), de Bounamoussa et de Safsaf (16%). - Quels sont les facteurs qui entravent le développement de la filière ? Les baisses enregistrées dans la production des agrumes en Algérie peuvent être attribuées à plusieurs facteurs : le vieillissement des vergers (53 % ont plus de 30 ans d'âge), l'état sanitaire, l'arrachage anarchique, la salinité des sols et des eaux, le problème de technicité de la main d'œuvre, le manque d'usines de transformation et l'érosion génétique pour le cas de la variété sanguine qui est en voie de disparition. Mais de mon point de vue, la salinisation des sols reste l'une des plus grandes menaces qui pèse sur les périmètres irrigués. Elle provoque une dégradation des propriétés biologiques, chimiques et physiques des sols, entraînant une réduction des rendements des cultures, et parfois la disparition du couvert végétal naturel. - Quelles solutions préconisez-vous pour résoudre ces problèmes ? Malgré les efforts consentis par l'état en vue de réhabiliter l'agrumiculture, il reste toujours primordial et indispensable d'accompagner ces mesures par la création d'une institution scientifique spécialisée (station ou centre d'études et de recherches en agrumiculture), qui prendra en charge toutes les questions relatives au développement de ce secteur, à l'instar de ce qui se fait dans les pays avancés. Elle contribuera à la mise en place d'une stratégie nationale en matière de développement de l'agrumiculture. Ahmed Yechkour