Nasser Hannachi Ceux qui ont immortalisé le moment en prenant des selfies devant la statue de l'ouléma, Abdelhamid Benbadis, dressée au cœur de la ville à l'occasion de la manifestation «Constantine, Capitale de la culture arabe 2015», devraient garder leurs photos et se préparer à en prendre d'autres. Car, la statue a été déboulonnée, lundi dernier, sur décision du wali de Constantine, M. Ouadah, pour être remplacée par une autre plus ressemblante et de meilleure facture. En effet, la première sculpture a fait couler beaucoup d'encre et suscité des commentaires, dans un registre allant de la critique acerbe à la moquerie railleuse, sur les réseaux sociaux et parmi les artistes locaux. Les descendants du penseur réformiste n'ont pas tardé à réagir également, dénonçant un travail bâclé n'ayant aucun rapport ni avec une œuvre artistique ni avec le sujet qu'elle était censée représenter. À ce titre, la décision du wali est frappée au coin du bon sens. A notre question de savoir s'il a subi des pressions pour enlever la statue décriée, le wali répondra par le négatif. «Non, je suis démocrate et je réponds aux désirs des citoyens et des personnes qui ont jugé que l'œuvre n'est pas représentative, puisque, selon eux, elle renferme plusieurs imperfections. Aucune pression n'a été exercée», dira le chef de l'exécutif à la Tribune lors de son passage au Palais de la culture El-khalifa, où il a inauguré la semaine culturelle de Tipasa et Tamanrasset. Poursuivant sur sa lancée, M. Ouadah lance un appel, voire un défi, aux artistes locaux pour qu'ils se manifestent, montrent leur savoir-faire et offrent un cadeau à leur ville. «Que les artistes viennent confectionner une meilleure figure du Cheikh. La porte est ouverte à tous ceux qui désirent exceller et laisser leur empreinte dans cette ville à travers la sculpture d'un portrait de meilleure facture», a-t-il affirmé. Le responsable ne manquera pas de lever tout équivoque sur la provenance et le coût de la statue contestée posée à la veille de l'ouverture de la manifestation. «On n'a déboursé aucun sou pour cette statue. C'était un don d'un entrepreneur. Et puisqu'il y a eu autant de contestation sur la qualité de ladite effigie, il n'y a aucun problème, nous sommes démocrates. Je souhaite désormais que les artistes locaux nous proposent quelque chose de meilleure. La balle est dans leur camp», dira le wali. Toutefois, des hommes de cultures diront que ça ne dédouane pas, pour autant, ceux qui ont décidé de dresser cette «laideur», quand bien même elle leur ait été offerte. Ils pouvaient et devaient songer au départ à réaliser une statue digne d'une personnalité de la trompe de Benbadis, soutiennent-ils. D'autres diront que les responsables de la culture auraient dû juger de la qualité de l'œuvre ou, s'ils n'ont pas les compétences, consulter des spécialistes afin d'éviter de tels affronts à Benbadis, à l'art et à la ville. Questionné sur le tiraillement entre le commissariat de la manifestation et l'Onci, le wali a estimé que dans ce genre d'évènement il y a toujours des pressions. Dans des manifestions pareilles, il y a toujours des petits problèmes, mais qui n'arrivent pas au seuil de la gravité. L'importance de l'évènement crée généralement des petites tensions, mais c'est justement à cause de l'abondance et de l'adhésion des acteurs. «Beaucoup de gens n'ont pas parié sur la réussite de la manifestation. Au contraire, certains ont tout fait pour la saborder. C'est triste ... Mais nous demeurons imperméables à ce qui se dit par-ci et par-là ». N. H.