Deux poèmes inédits de Malek Alloula, décédé le 17 février 2015, seront bientôt publiés. «Le défunt était en résidence d'écriture à Berlin juste avant sa disparition. Il a écrit deux longs poèmes que j'ai eu l'occasion de lire. Ils paraîtront bientôt en Algérie et en France», nous a dévoilé Nourredine Saâdi, en marge d'une soirée-hommage à la mémoire du grand poète algérien. Cette rencontre a été organisée, vendredi dernier à Paris, par l'Association de culture berbère (ACB) amie du défunt. «On devait faire une soirée avec lui de son vivant. Elle était programmée pour ce mois de juin, mais la vie a voulu qu'on fasse aujourd'hui une soirée à sa mémoire», a déclaré M. Saâdi. Ce dernier, qui a coanimé la soirée avec Arezki Metref, est revenu rapidement sur l'œuvre de Alloula, la qualifiant de «multiforme, complexe, complète et très riche». «On connaît tous sa grande poésie exigeante. Mais il a écrit également des essais de très grande qualité, dont un qui a été universellement reconnu où il parle de la représentation par l'Occident colonial des femmes arabes et du Maghreb (Le Harem colonial ; images d'un sous-érotisme, ndlr). Il avait également réalisé des travaux autour de la fiction à travers quelques nouvelles», a-t-il précisé. Nourredine Saâdi aime particulièrement Le Cri de Tarzan.«Ses nouvelles sont écrites d'une manière à la fois simple et très sensible. L'auteur y rend compte de ce qu'a été son enfance dans un village oranais.» Quant à Arezki Metref, qui préfère Villes et autre lieux, il a tenté de dévoiler des facettes cachées du personnage Alloula : «J'avais un petit préjugé sur lui avant de le connaître vraiment. Je l'imaginais comme l'un de ces intellectuels coupés du quotidien et des occupations communes de la population, car il était un poète et un essayiste très exigeant. Il me paraissait donc élitiste, un peu hermétique et immaculé. Un jour, je découvre que Malek Alloula s'intéresse au football, comme tous les Algériens ! Mieux, il avait même joué en junior à Sidi Bel Abbès, sous la direction de Benbarek...» C'est ce genre de témoignages et d'anecdotes qui ont marqué cette soirée-hommage voulant mettre en lumière les qualités d'homme de Malek Alloula ; pour celles d'écrivain et de poète, l'ensemble de son œuvre en parle parfaitement mieux que quiconque. Dans ce sens, Kamal Mezoued, jeune artiste et ami parisien du défunt, «garde l'image d'un homme simple, serein et paisible. Il avait tout le temps le mal du pays. Je l'ai connu tel un grand et humble homme au quotidien, bien avant que je découvre sa notoriété et sa qualité littéraire». Alloula entretenait un amour inconditionnel pour l'Algérie et la Palestine. Il croyait en les causes justes et la bonté de l'humain. «Je crois en la religion de l'amour», disait-il à sa compagne Véronique Lejeune. «Qu'il aime ou déteste quelqu'un ou quelque chose, il le faisait d'une manière honnête et sans aucun compromis», narre son amie Aïcha Touati. Elle garde le souvenir d'un homme qui «aime l'ironie et l'autodérision. C'est un point commun qu'il partageait avec son jeune frère Abdelkader, dont la disparition l'a marqué profondément». Celui qui disait «naître poète pour le redevenir» a reçu les éloges d'une dizaine d'écrivains, artistes et poètes comme Mohammed Harbi, Nabil Farès, Amin Khan, Ben Mohammed, etc. Tout au long de la soirée, des textes de Malek Alloula ont été lus devant un public ravi.