L'université africaine Ahmed Draïa d'Adrar abrite depuis samedi les débats du 4e Festival culturel international de promotion des architectures de terre (Archi Terre 2015) après ceux organisés à l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger (EPAU). Yasmine Terki, commissaire du festival et directrice du Centre algérien de patrimoine culturel bâti en terre (Capterre) de Timimoun, a invité les meilleurs experts internationaux pour discuter des architectures de terre. Ils sont venus du Japon, du Pérou, d'Italie, de Suisse, du Chili, de France, du Guatemala, de Portugal, de Tunisie, d'Allemagne et de Colombie pour faire l'état des lieux de cette spécialité de l'architecture toujours ignorée par l'université algérienne. «Nous avons décidé d'organiser un voyage patrimoine pour les invités du festival et les lauréats des deux concours que nous organisons. Les experts invités interviennent dans le cadre de notre festival sans être payés, ils travaillent pendant dix jours, alors qu'ailleurs ils peuvent toucher 300 euros/jour. Pour les remercier de leur bénévolat, on leur offre trois jours de voyage pour leur faire découvrir notre patrimoine», a expliqué Yasmine Terki. Les deux journées d'information et de sensibilisation, déjà organisées à l'EPAU, sont présentées une seconde fois à Adrar, enrichies par les questions-réponses du public. «Nous faisons profiter le département de génie civil d'Adrar avec ses étudiants et ses enseignants, mais également les cadres, les professionnels et les entrepreneurs de la wilaya d'Adrar», a relevé la responsable du festival. La Portugaise Mariana Correira a présenté le «Patrimoine universel» des architectures de terre, suivie de la Française Giselle Taxil Wardell qui a détaillé les opérations de restauration de la Grande mosquée de Mopti, au Mali. Le Péruvien Marcel Blondet est revenu sur les recherches en matière de construction parasismique en adobe au Pérou. Yasmine Terki a présenté la stratégique algérienne pour la «Réhabilitation des architectures de la terre». Haoues Belmaloufi a, pour sa part, dressé le portrait de l'école-chantier Santé Sidi El Houari (SDH) d'Oran, avant de céder la place à l'Italienne Maddalena Achenza qui a expliqué les méthodes de formation au Centre international de la construction de la terre (CraTerre). «Chaque année, nous essayons de faire évoluer le festival. Le dernier jour, nous faisons un bilan avec les invités. Pour cette édition, nous avons créé un atelier pour les adolescents. L'année dernière, nous avons été débordés dans l'atelier enfants, avons remarqué que la demande était importante. D'où la création du nouvel atelier pour les collégiens et les lycéens. Le festival cible les futurs acteurs de la préservation du patrimoine et de la construction issus de l'université. C'est pour cette raison que nous invitons les étudiants en architecture et en génie civil pour les sensibiliser», a relevé Yasmine Terki. Selon elle, les enseignants doivent prendre le relais le reste de l'année et en dehors du festival pour susciter l'intérêt autour des architectures de la terre. «Nous travaillons avec tous ceux qui peuvent faire quelque chose. Au niveau de l'université algérienne, il existe 19 départements d'architecture et une trentaine de génie civil», a-t-elle noté, regrettant l'inexistence de la spécialité «architectures de terre» dans les universités algériennes. Salah Hamlil, recteur de l'université d'Adrar, a annoncé, lors de la cérémonie d'ouverture, le projet d'ouverture d'une filière d'architecture et d'urbanisme, un projet inscrit comme axe prioritaire. «Dans les villes du Sud, les techniques de construction des ksour témoignent de l'existence d'un savoir-faire local et de l'ingéniosité des habitants qui ont su utiliser les matériaux locaux. L'intérieur des ksour offre une fraîcheur extraordinaire malgré les températures élevées. La construction en adobe à Adrar relève d'une tradition séculaire. Elle doit faire l'objet d'une étude que l'université doit prendre en charge», a-t-il plaidé, insistant sur la nécessité de perpétuer une tradition constructive qui se perd au fil des ans et d'apprivoiser l'architecture durable. A leur arrivée, les invités d'ArchiTerre 2015 ont visité le ksar de Tamentit, à 12 km d'Adrar, et le centre de l'artisanat. Le ksar de Tamentit est malheureusement envahi par le béton et tombe partiellement en ruine.