La nouvelle est tombée comme un couperet hier matin à Tizi Ouzou. Le jeune Mebrek Amirouche, enlevé vendredi soir par un groupe d'individus armés dans la région de Beni Zmenzer, une localité distante de moins de 20 kilomètres au sud de Tizi Ouzou, a été retrouvé mort dans la soirée de mardi par les services de sécurité. Son corps a été découvert dans la localité d'Agueni Gueghrane, à 35 km au sud-est de Tizi Ouzou, donc non loin de Beni Zmenzer où il a été kidnappé. Amirouche a été découvert gisant dans une mare de sang au lieu-dit Azuguer, à quelques encablures de la rivière qui longe la région, selon une source sécuritaire. Des traces de violence sont visibles sur plusieurs parties de son corps. L'otage a été tué à l'aide d'une arme blanche, ajoute notre source. Un climat de tristesse et de mélancolie s'est emparé de toute la population de la région. Tout le monde espérait hier matin à Tizi Ouzou que la nouvelle n'est qu'une rumeur. «On prépare une action de protestation pour ce soir afin d'accentuer la pression sur les preneurs d'otage», nous a déclaré hier matin au téléphone un jeune d'Oumadhen, village de la victime au moment où la nouvelle a fait le tour des rédactions à Tizi Ouzou. Les habitants de Beni Zmenzer ignoraient qu'Amirouche a été exécuté par ses kidnappeurs. Leur espoir de voir un dénouement heureux de cet enlèvement était immense, mais malheureusement les ravisseurs, sans âme, ont voulu autrement. Ils l'ont tué de sang-froid. Les criminels ne voyaient certainement aucune issue et ont décidé de liquider physiquement leur victime. Toute la région de la daïra de Beni Douala, dont dépend administrativement la commune de Beni Zmenzer, n'ont pas cru leurs oreilles à l'annonce de la nouvelle de l'assassinat d'Amirouche. Horrible, affreux, impardonnable, sont les seuls mots qui reviennent sur les lèvres des habitants que nous avons rencontrés dans la région hier après-midi. «Je ne veux même pas imaginer comment la famille de la victime accueillera la nouvelle. Les ravisseurs doivent payer pour leur acte abominable», nous déclara un jeune à Alma, chef-lieu communal de Beni Zmenzer. A Ouamadhen, village de la victime, le temps semble s'arrêter après l'annonce de la nouvelle. Des grappes de personnes de la région affluent vers ce village perché sur une colline. Les membres de la famille de la victime étaient sous le choc. Personne n'a pu prononcer un mot. Tout le monde était triste. «Amirouche est victime d'une barbarie. Il n'a rien fait le pauvre. C'est une personne qui n'a fait de mal à une mouche de toute sa vie. Il ne mérite pas ce sort», se contenta de dire un membre de la cellule de crise installée au lendemain de l'enlèvement du jeune Amirouche. Les habitants du village préparaient hier l'accueil de personnes qui affluaient en signe de solidarité avec la famille de la victime. La date de l'enterrement de la victime n'a pas été décidée jusqu'à hier après-midi. La dépouille mortelle était toujours au CHU Neddir-Mohamed de la ville de Tizi Ouzou pour les besoins de l'autopsie et de l'enquête. L'atmosphère était lourde. «Personne n'est à l'abri. Même les simples citoyens sont ciblés par les groupes armés. On doit continuer notre combat pour instaurer la sécurité au niveau de toute notre wilaya. C'est impératif. Ce qui est arrivé à la famille Mebrek du village Oumadhen pourra arriver à n'importe quelle personne à Tizi Ouzou», nous a déclaré un élu local hier au village d'Oumadhen. Pour rappel, vendredi soir le jeune Mebrek Amirouche était à bord de son véhicule, une Toyota Hilux, lorsqu'il a été intercepté par quatre individus armés et encagoulés dans un faux barrage sur l'axe routier qui relie la localité de Ouadhias à celle de Beni Zmenzer. Le lendemain matin, juste après la découverte de la camionnette par les membres de la famille de la victime, les ravisseurs ont pris attache avec eux. Une rançon de 300 millions de centimes aurait été exigée contre sa libération, alors que la victime n'est qu'un simple commerçant ambulant. Depuis, une coordination de 14 comités de village de Beni Zmenzer a été mise sur pied pour gérer cette énième affaire de rapt. Une série d'actions de protestation a été initiée par la population au niveau local, dont une grève générale, dans l'espoir de voir Amirouche libéré. En vain. Toutefois, des informations font état de l'identification des auteurs de cet enlèvement suivi d'assassinat. L'information n'a été ni confirmée ni infirmée par les services de sécurité. «Une chose est sûre, les enquêteurs sont sur une piste qui pourrait déboucher sur la clarification de cette affaire», selon une source sécuritaire.