La nouvelle orientation, tendant à généraliser le principe de la «flexibilité» du travail suscite déjà l'ire des travailleurs et des syndicats. A nnoncé depuis le début des années 2000, mais il n'a toujours pas vu le jour. Tout récemment, une première mouture a été dévoilée avant qu'elle ne soit retirée pour des raisons inconnues. Il s'agit du nouveau code du travail. La présentation de ce projet qui tient en haleine le monde du travail en Algérie est constamment renvoyée. Les reports répétitifs de ce projet qui, dit-on, devra adapter la législation algérienne aux exigences de l'économie moderne, s'apparentent désormais à une véritable «prise d'otage» de ce monde, dont les acquis sont remis, un à un, en cause. Pourquoi refusent-on de libérer ce projet ? Quels sont les facteurs bloquants de ce texte ? La mésentente sur le contenu de cet important document régissant le monde du travail est à l'origine de ce blocage. Le pouvoir, soucieux de sauvegarder la paix sociale négociée avec son partenaire social, l'Union général des travailleurs algériens (UGTA), préfère, semble-t-il, ajourner, le plus longtemps possible, l'adoption de ce nouveau texte et éviter de prendre le risque de rompre cette accord. Et pour cause, la nouvelle orientation, tendant à généraliser le principe de la «flexibilité» du travail suscite déjà l'ire des travailleurs et des syndicats. Y compris l'UGTA, dont le secrétaire général, Abdelmadjid Sidi Saïd, affiche son soutien à cette réforme. En effet, en septembre dernier à l'occasion de la divulgation du contenu de la première mouture du nouveau code du travail, plusieurs fédérations de la centrale syndicale ont manifesté leur colère en qualifiant le projet de «régressif et de répressif». Les syndicalistes de l'UGTA, comme les responsables des organisations syndicales autonomes, ont dénoncé «une grave atteinte aux droits des travailleurs, notamment ceux relatifs à l'emploi stable décemment rémunéré, à la grève et à l'activité syndicale». Toucher à ces acquis, consacrés par la constitution et la législation de 1990, serait, selon les syndicalistes, une grave régression qu'il ne faut pas accepter. L'un des points de discorde est, sans doute, l'abandon des contrats à durée indéterminée (CDI) et la généralisation des CDD, au nom de la flexibilité de l'emploi défendue par les responsables du gouvernement. Cette option reste inacceptable pour le monde syndical qui y voit une «concession» et un «cadeau du pouvoir» aux patrons. «C'est la prime à l'exploitation, mais aussi un coup dur au syndicalisme», tonnent les syndicalistes, en affirmant que le CCD ouvrira la voie à toutes les dérives, dont le harcèlement et l'abus de pouvoir. C'est en constatant cette forte opposition des syndicalistes que les responsables du ministère du Travail et ceux de l'UGTA ont décidé de renvoyer, une nouvelle fois, ce document «au laboratoire» pour un éventuel réajustement. Quel sera donc le contenu du nouveau code ? Va-t-il freiner la généralisation de l'emploi non permanent ? Attendons pour voir. En tout cas, pendant que le monde du travail reste suspendu au nouveau code, la précarisation de l'emploi prend de l'ampleur et le salariat non permanent est, en 2014, au même niveau que le salariat permanent… En l'absence d'une législation adaptée et rigoureuse, le CDD deviendra, dans les prochaines années, la règle.