Paiera-t-on l'électricité et le gaz plus cher ? Une question qui mérite d'être posée à un moment où le débat sur les subventions à l'énergie prend de la place sur fond de chute des cours du brut et de réduction, par ricochet, des ressources budgétaires. Les institutions financières internationales, Banque mondiale et FMI en tête, sont claires à ce propos : la situation actuelle du marché pétrolier représente une fenêtre d'opportunité pour opérer en douceur une révision du système de subvention. Il faut dire que l'énergie à bas prix a alimenté une sorte de boulimie chez les consommateurs d'électricité et de gaz. Selon les chiffres du bilan de Sonelgaz publiés par la revue du ministère de de tutelle, Algérie Energie, la consommation d'électricité a quasiment doublé entre 2004 et 2014 et celle de gaz a presque triplé durant la même période. Dans le détail, la consommation d'électricité a cru de 6,6% par an en moyenne durant la dernière décennie, avec une croissance plus marquée sur deux segments : basse tension (ménages) et haute tension (grandes industries). Ainsi, le bilan de Sonelgaz précise que le segment basse tension a augmenté en moyenne de 7,8% par an en raison de la hausse de la consommation domestique combiné à un rythme d'urbanisation rapide. Pour l'autre segment, celui-ci a cru de 5,4% en moyenne durant la période cible, en raison notamment de l'activité des stations de dessalement d'eau de mer et du développement du réseau de transport avec la mise en service du métro d'Alger ainsi que des tramways d'Alger, d'Oran et de Constantine. Le bilan gaz est plus édifiant, vu que la consommation dans ce segment a enregistré une croissance annuelle moyenne à deux chiffres, plus précisément de 10%. La hausse a été très marquée chez la clientèle basse et moyenne pression de Sonelgaz avec respectivement 12,2% et 8,8% de croissance annuelle, justifiée notamment par le programme de développement de distribution publique dans les Hauts-Plateaux. Cependant, la hausse de la consommation chez la clientèle haute pression, avec une croissance annuelle de 6,1%, si elle est justifiée par l'extension des capacités de certaines cimenteries dans le souci de répondre aux besoins du programme d'investissement public, celle-ci reflète à elle seule toute la problématique des politiques de subvention à l'énergie. Il est utile de rappeler dans ce sens le propos du P-DG de Sonelgaz qui a estimé récemment que le moment était peut-être venu de réviser à la hausse les prix de l'électricité et du gaz cédés sur le marché. Il a appelé les pouvoirs publics à réviser la politique de subventions généralisées en opérant une hausse des tarifs de l'électricité et du gaz, au moins pour les clients haute tension et haute pression dans un premier temps. Noureddine Bouterfa a indiqué il y a quelques jours, lors d'une intervention à la Radio nationale, qu'il était tout à fait incompréhensible qu'on puisse céder l'énergie à un tarif en dessous du prix coûtant à des cimenteries, à des sidérurgistes et autres entreprises qui réalisent de belles marges à l'export, ceci au moment où Sonelgaz enregistre un déficit de financement annuel pour ses investissements dans l'électricité et le gaz de l'ordre de 80 milliards de dinars qu'elle va chercher au niveau des banques. Rappelons dans ce sens que Sonelgaz est tenue par un programme de l'ordre de 3500 milliards de dinars (environ 35 milliards d'euros) sur la chaîne production, transport et distribution à l'horizon 2020, lequel programme devrait lui permettre de suivre l'évolution de la demande, d'effectuer un rattrapage en termes de capacités de production, de disposer d'une capacité de réserve de 20% et de mettre à niveau ses installations avec un renouvellement du parc de centrales électriques.