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Pourquoi la situation financière négative de Sonelgaz ? (I)
Publié dans La Nouvelle République le 26 - 06 - 2012

Selon le rapport Sonelgaz 2011, l'Algérie va investir 30 milliards de dollars pour produire 1 200 mégawatts en électricité supplémen-taires par an d'ici à 2020.
Situation de Sonelgaz rapport 2011 Dans ce plan, les énergies renouvelables sont intégrées à hauteur de 40% . Récemment mi-juin 2012, le PDG de Sonelgaz avance que le programme de 80 milliards de dollars, dont les deux tiers ont été affectés au développement des énergies renouvelables et un tiers pour la promotion de l'efficacité énergétique, permettra d'installer une puissance d'origine renouvelable de près de 21.000 MW entre 2011 et 2030. 10.000 MW seront dédiés à l'exportation pour autant que l'accès aux marchés européens sera rendu possible, que les financements extérieurs puissent être disponibles et que les risques de commercialisation soient partagés. Dans ce cadre, par ailleurs, le PDG de Sonelgaz a évoqué la création d'un groupe rassemblant d'autres acteurs dans la production d'électricité, apparentés à Sonatrach et qu'un projet de production d'électricité renouvelable de 1.000 MW sera lancé entre l'Algérie et ses partenaires dans le cadre de Desertec. Ces projections de Sonelgaz ne font pas l'unanimité des experts en Algérie, soulignant que l'environnement économique et administratif est contraignant. Ainsi, il est peu probable que l'Algérie arrive à construire un environnement adéquat pour produire 40 pour cent de son énergie à partir de sources renouvelables à l'horizon 2030,objectif annoncé par Sonelgaz. A cet environnement, s'ajoutent les pesanteurs politiques où Sonelgaz ne fixe pas le prix de l'électricité, n'a pas de stratégie propre sur les grands choix, ne peut décider seule de ses investissements et ne dispose pas de marge de gestion, en raison du poids de la tutelle. La décision finale relève surtout du politique. Le projet Desertec, gigantesque, qui doit mobiliser 500 milliards de dollars, pour alimenter l'Europe en énergie solaire à partir du Sahara, a été accueilli au départ avec une certaine hostilité par Sonelgaz puis un autre discours du ministère de l'Energie et Sonelgaz plus conciliant, des experts ayant alors critiqué la décision de Sonelgaz de rester à l'écart d'un projet d'une telle ampleur. En termes de bilan physique, le nombre total de clients électricité de Sonelgaz a été de 7,5 millions d'abonnés en 2011, en évolution de 4,4% par rapport à 2010. Les clients basse tension continuent de constituer la grosse part du portefeuille électricité, suivis, de loin, par la moyenne tension (45.118 abonnés) et 102 abonnés pour la haute tension. La production totale d'électricité en 2011 a ainsi atteint 48.872 GW/h, dont 26.846,6 GW/h assurés par la Société de production d'électricité (SPE, filiale Sonelgaz) et 22.663,9 par des producteurs tiers. A l'instar de l'électricité, le portefeuille gaz est dominé par la clientèle basse pression avec 3,341 millions d'abonnés, contre 4.432 clients moyenne pression et 202 abonnés pour la haute pression. Par ailleurs, le taux national d'électrification a atteint 99% en 2011, soit un taux parmi les plus élevés au monde, alors que la couverture en gaz est de 47,4 % avec une projection de dépasser 52% en 2014. Sur le plan financier, selon le rapport 2011, le groupe Sonelgaz a engagé des investissements de près de trois milliards de dollars en 2011, essentiellement financés par des ressources externes. Les crédits bancaires ont couvert 55,8% (120,1 milliards de dinars). Le financement de ce programme d'investissement, estimé à 215,4 milliards DA, contre 90 milliards DA, a été assuré par les fonds propres du groupe (41,8%), tandis que la participation de la clientèle s'élève à 4,7 milliards DA (2,2%). La part des dotations de l'Etat demeure, quant à elle, minime avec un apport de 600 millions DA (0,3%). En outre, le niveau exceptionnel d'autofinancement (90 milliards DA) est dû dans une large mesure aux remboursements par l'Etat de 59,9 milliards DA au titre du précompte TVA, du soutien de l'Etat pour la facturation des wilayas du Sud et le préfinancement des program-mes publics à hauteur de 23,9 milliards DA. De même, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires global de 356 milliards DA, les métiers de base ayant représenté 68% de ce bilan, dont 39% pour l'activité distribution d'électricité, 18% pour la production d'électricité et 11% pour le transit d'énergie. L'exercice 2011 s'est, toutefois, soldé par un déficit de l'ordre de 55,5 milliards DA. 4-Pourquoi cette situation négative où l'exercice de 2011 ? Premièrement, ce déficit s'explique par les créances impayées, par le gel des prix de l'électricité depuis2005, selon Sonelgaz mais également à la gestion interne. La course à l'investissement en diversifiant ses activités industrielles lui a fait perdre ses métiers de base à l'instar de Sonatrach. Deuxièmement, si le groupe a réalisé un bilan consolidé de 2.050 milliards de dinars, en augmentation de 14% par rapport à 2010, et un chiffre d'affaires brut de 356 milliards de dinars, il peine néanmoins à recouvrer ses créances. Parmi les plus importantes d'entre elles, le précompte TVA (taxe sur la valeur ajoutée) et le préfinancement des program-mes publics. A cet effet, le groupe Sonelgaz compte solliciter une nouvelle fois les pouvoirs publics pour le règlement définitif du dossier d'assainissement financier et pour la mise en œuvre effective du statut fiscal spécifique à ses sociétés. Ces dossiers des créances impayées ont constitué des facteurs aggravants qui ont maintenu la situation financière du groupe dans un déficit similaire à celui de 2010. Ces créances impayées aggravent cette situation. Celles-ci ont atteint un niveau élevé de 39,5 milliards de dinars, dont 13 milliards détenus essentiellement auprès de l'Administration et 19 milliards auprès des clients privés, selon le rapport de Sonelgaz. Pour certains responsables des sociétés de distribution, il est impossible de couper l'électricité à certaines institutions, notamment les écoles ou les hôpitaux. Troisièmement, avec des branchements anarchiques, le taux de pertes de l'électricité a été de 19,52%, en deçà des objectifs. Dans l'activité du gaz, le taux de pertes s'élevait à 7,1% dues, comme l'électricité. Sonelgaz perd annuellement plus de 10 milliards de dinars à cause de la fraude et de l'inefficience de gestion. Quatrièmement, le tarif bas source de gaspillage. Le niveau d'investissement annuel dont a besoin le groupe se trouve, cependant, au-dessus de ses revenus. Même si le rapport ne le dit pas ouvertement, il suggère, d'une façon à peine voilée, une augmentation des tarifs ou alors le gouvernement doit mettre la main à la poche. L'augmentation souhaitable des tarifs, selon le rapport Sonelgaz, devraient être revalorisés de 11 % par an pour pouvoir financer les investissements induits par l'augmentation de la capacité de production. Or, le gouvernement vient de décider de geler les tarifs pour 2012 pour des raisons surtout sociales. Je préconise pour une transparence de la gestion de Sonelgaz mais également d'autres entreprises dont Sonatrach, d'appliquer le tarif du marché. En contrepartie, au niveau gouvernemental, comme je l'ai suggéré dans un audit réalisé sous ma direction sur le prix des carburants au sein d'un modèle concurrentiel (1) d' installer un organisme indépendant chargé d'un système de péréquation afin de soutenir les segments à valeur ajoutée et protéger le pouvoir d'achat des citoyens, toute subvention devant être budgétisée au niveau du Parlement et le montant structuré inscrit clairement dans la loi de finances annuelle. Cinquièmement, outre le problème d'opposition des particuliers de céder leurs terres, le code des douanes, amendé en 1997, qui est un système de gestion par expédition, constitue un problème contraignant au développement de l'entreprise, selon Sonelgaz. Selon la direction de Sonelgaz, des cadres sont soupçonnés de transfert illicite de devises vers l'étranger, en application de l'actuel code des douanes qui interdit les expéditions échelonnées. Ce qui n'était pas le cas par le passé. L'ancien système autorisait l'importateur à donner des valeurs indicatives à certaines expéditions et faisait ressortir la vraie valeur des équipements importés dans le décompte final. Par contre, l'actuel code énonce que chaque expédition doit être déclarée indépendamment du con-trat et doit correspondre à sa juste valeur, ce qui est impossible», selon Sonelgaz pour qui un contrat de fourniture d'une usine clés en main est un contrat forfaitaire global où les expéditions sont données à titre indicatif. (A suivre)

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