Hydra est le quartier huppé par excellence de la capitale. On n'y vit pas comme partout ailleurs. Tel est le sentiment avec lequel sortent ceux qui s'y rendent. Pas si sûr, vous rétorqueront certains. Pour ceux-là, la dèche est là aussi présente, surtout dans les cités populaires de la commune. Toutefois, des endroits comme le boulevard Sidi Yahia sortent vi-siblement du lot. La réputation de cette rue, située non loin des représentations diplomatiques, est bien là. Les vendeurs de fruits et légumes ne ferment boutique que tard dans la soirée. Faire emplette, fait étrange partout ailleurs, est un phénomène bien réel ici. La nuit, quelque peu glacée, ne dissuade pas des couche-tard de faire bamboche. Des jeunes dans leur bolide ou sur leurs deux roues ne s'empêchent pas ainsi de sortir la nuit. Les supérettes sont ouvertes. « Il n'est pas rare d'y trouver, entre les rayons, une mamie trimballant, les yeux gonflés, un couffin », dira un tantinet amusé un vendeur. Et à son copain, de sa petite voix, de poursuivre : « Si on ne part pas à la plage, on s'amuse dans les échoppes d'à côté. Les pantouflards y trouvent d'ailleurs tout ce qu'ils désirent. C'est que c'est harassant de partir du côté du littoral et de revenir fatigué dans le quartier. » à peine la soirée entamée, que des voitures de toutes les marques sillonnent le boulevard Sidi Yahia qui court sur plus d'un kilomètre, sur lequel des enseignes aux noms exotiques sont implantées. En effet, en dépit des incidents l'ayant quelque peu perturbé, la kheima, installée à l'autre bout de la rue, ne faillit pas à une certaine réputation acquise depuis pas moins de deux ans. Des groupes de jeunes s'engouffrent dans les deux kheimate de toiles installées dans l'établissement ; l'une aux senteurs plus levantines dans l'espace d'en dessous et l'autre plutôt bédouine au premier étage. Des serveurs tirés à quatre épingles courent dans toutes les directions avec un narguilé à la main. Ils sont aux petits soins avec la clientèle qui s'installe déjà dans les lieux. Le gérant, jeune, n'hésite pas à se frayer une place parmi ses hôtes. Les retardataires s'y bousculent. En plus des nationaux, des étrangers, des Egyptiens, pour la plupart, y viennent pour fumer des narguilés aux différentes effluves, nous explique-t-on. Les prix restent exorbitants, à savoir 500 DA la pipe à eau. Cela ne dissuade pas les clients à s'y adonner avec, en prime, une cruche de thé cédée à 500 DA aussi, affirme-t-on. Aussi, la bonne chère y est pour beaucoup dans cet engouement. L'année dernière, l'affluence était à son pic grâce à l'enthousiasme des Moyen-orientaux. Cette année, cette clientèle s'est vue bousculée par des nationaux et des chinois travaillant sur les chantiers de la capitale. « Plus loin, le resto tenu par un Européen ne connaît pas pareille affluence. Les énergumènes ne peuvent pas se permettre d'entrer dans cette boutique. Le café cédé à 150 DA les en dissuaderait à coup sûr. Alors que chez nous, bien que les consommations soient chères, il se trouvera toujours ceux qui y viendront », lâche un serveur. Aussi, il n'est pas rare d'y trouver des gens de ce côté-ci de la mer, où des compatriotes viennent l'été dépenser de l'argent. à ceux dont la misère est collée aux guêtres, de s'en aller ailleurs. Des endroits plus « bas peuple » leur sont réservés. Seul point désolant qui fait rugir les tenants des boutiques : l'inexistence de parking. La nuit venue, des processions immenses se créent. Qu'un camion de Netcom bouche la voie et c'est la débandade. L'Apc de Hydra est sollicitée pour apporter les solutions qui s'imposent, souhaite-t-on.