Les commerces, à commencer par les cafés, ouvrent leurs portes à partir de 20h30, et il ne faut qu'une demi-heure pour que leurs terrasses affichent complet. Les deux heures de couvre-feu quotidien instauré par les citoyens depuis le début du mois sacré du Ramadhan se sont très vite écoulées. Ces derniers commencent peu à peu à sortir de chez eux, le ventre bien rempli après une longue et chaude journée de jeûne, et c'est la soirée qui commence. Petit à petit, une petite foule se constitue dans les rues de la capitale algéroise et c'est pratiquement tous les jours le même rituel. Les commerces, à commencer par les cafés, ouvrent leurs portes à partir de 20h30, et commencent à accueillir les premier clients venus se détendre après une journée stressante. Et il ne faut qu'une demi-heure pour que leurs terrasses affichent complet. Là, les odeurs de thé et de café fraîchement préparés embaument les différentes salles et se mêlent aux rires et gloussements des joueurs de dominos, assis en groupe autour des tables spécialement aménagées pour le mois sacré. Des images que l'on retrouve pratiquement partout dans la capitale. Ainsi, c'est l'effervescence au centre-ville, plus précisément dans les places publiques telles que Audin, ou encore celle de la Grande-Poste, connues pour leurs cafés aux vastes terrasses. Lorsque les tables ne sont plus suffisantes, les trottoirs deviennent de vrais espaces de jeux pour les experts des dominos et de la belote. Là, les bouts de carton placés autour des cartes et des dès font office de tapis où les gens s'assoient en groupe pour passer une partie de la sahra si ce n'est toute la soirée, jusqu'à l'heure du sehour. Ainsi, à El Biar, l'un des nombreux quartiers populaires de la capitale, il est difficile de se frayer un chemin entre les joueurs de dominos qui monopolisent les trottoirs, d'un côté et les automobilistes extrêmement nombreux durant la soirée, de l'autre. Tellement nombreux que presque tous les parkings affichent complet. C'est alors qu'ils se garent un peu partout, provoquant très vite des embouteillages. En effet, ces derniers commencent très tôt dans la soirée, lorsque les citoyens sortent juste après le f'tour pour profiter de la légère brise, et s'achèvent à des heures très tardives, allant parfois jusqu'à 2 heures du matin. Ces embouteillages s'étalent parfois même jusqu'au quartier de Bab El Oued, où le rush atteint son comble. Tous les magasins sont ouverts. Du pâtissier au vendeur de jouets en passant par les boutiques de vêtements et de vaisselle, tous profitent de ce business du soir. Sur les trottoirs, pas un mètre carré n'est libre. Partout, des marchands ont installé leurs tables et étalé leurs marchandises. Certains ont choisi le créneau des jouets pour enfants, sachant que les parents sortent avec leur progéniture le soir, lorsque l'air est plus frais alors que d'autres ont misé sur tout ce qui a trait à la rentrée scolaire. Et ce sont les vendeurs de tabliers qui ont le plus réussi à quelques jours de la rentrée scolaire. En effet, depuis que le ministère de l'Education nationale a donné des directives sur les couleurs des tabliers, certains businessmen des nuits ramadhanesques ont tous misé sur cet article. Et ils n'ont pas eu tort à voir le monde qui grouille autour de ces commerces. «On a tout acheté, t-shirt, pantalon, chaussures, chaussettes et cartable, il ne restait plus que le tablier qui était, jusque-là, peu disponible, alors je suis venu acheter le moins cher à Bab El Oued», a indiqué Noureddine, un père de famille rencontré à la placette de Bab El Oued accompagné de sa femme et de ses deux enfants. Par ailleurs, les soirées du Ramadhan sont également l'occasion pour les parents d'achever les préparatifs de la rentrée scolaire, chose impossible en pleine journée, car pris par leur travail ou la préparation du seul repas de la journée, mais aussi découragés par la chaleur, le jour. Mohamed, père de 3 enfants, rencontré à Bab El Oued, explique: «Je travaille toute la journée et ma femme est coincée à la maison avec les enfants et passe sa journée devant les fourneaux (...) c'est seulement le soir qu'on peut souffler et surtout faire ce qu'on ne peut pas faire la journée.» Et d'ajouter: «Même si on a le week-end, il fait trop chaud pour sortir et passer des heures à se balader et aller d'une boutique à une autre, on préfère rester à la maison et sortir le soir lorsqu'il y a Rahmet Rabi.» Ces derniers se rendent à la mosquée pour faire la prière des taraouih. Des taraouih parfois «soft» pour des soirées chaudes. En effet, pour le Ramadhan de cette année, les imams organisent des prières de taraouih qui ne durent pas très longtemps. Pourtant, avec la généralisation des climatiseurs et des ventilateurs dans les salles de prière, les psalmodies et la prière pourraient se dérouler dans les meilleures conditions. Cela étant, un véritable engouement caractérise le mois sacré de cette année au niveau des mosquées du pays. Qu'ils soient jeunes ou vieux, hommes ou femmes, tous se dirigent en masse vers ces lieux de culte. Au point même d'aménager des espaces de prière à l'extérieur des mosquées lorsqu'il n'y a plus d'espaces à l'intérieur pour accueillir tous les fidèles.