Si, par les temps qui courent, les personnes valides ont moult difficultés à vivre décemment à cause notamment du chômage et de la cherté de la vie, que dire de la condition des handicapés et des personnes âgées sans ressources ? Leur détresse est insondable. Certains recourent à la mendicité et beaucoup d'autres se contentent de la maigre pension qui leur est octroyée par l'Etat. «Nous nous contentons de peu. Parfois, nous dormons le ventre creux. Pourtant, notre pays est si riche qu'il peut nourrir toute la population», regrettera une handicapée rencontrée à Tizi N'Tléta, une mère de famille dont le mari est lui aussi handicapé. Signalons que les personnes handicapées des localités rurales souffrent doublement car même les soins leur sont inaccessibles. M. Kadouche de Souk El Tenine, un handicapé atteint de plusieurs maladies avouera : «J'ai fini par ne plus me soigner car les déplacements vers les hôpitaux de Tizi Ouzou et d'Alger coûtent trop cher. J'ai dû renoncer aux soins et j'assiste chaque jour à la dégradation de ma santé. J'ai sollicité toutes les autorités (APC, daïra, wilaya et même le ministère) pour m'attribuer un logement social en ville pour faciliter mes déplacements, en vain». Signalons que dans la commune de Souk El Tenine, il est recensé 300 personnes handicapées pour une population estimée à 12000 habitants. Le président de l'association Thafath, M. Chabani, nous dira : «Les handicapés de notre commune vivent dans la précarité pour la plupart. Certains handicapés ne sont même pas adhérents. Le handicap reste encore un tabou dans la région». Au niveau de la daïra des Ouadhias, le constat est alarmant car l'association nationale El Baraka pour personnes handicapées, dont le siège de wilaya se trouve au chef-lieu communal, a enregistré 1124 personnes handicapées pour une population estimée à 55 449 habitants, soit un taux de 5%. Rappelons que cette frange de la société ne perçoit de l'Etat qu'une pension de 4000 DA mensuels. Une pension qui ne suffit même pas à payer les factures de l'eau, de l'électricité et du gaz. Signalons également que les employés dans le cadre du pré emploi, du filet social et les personnes âgées ne sont pas mieux lotis. «Nous ne vivons pas, nous ne faisons que végéter. Pour nourrir mes enfants, je ramasse les restes des repas des élèves à la cantine où je travaille dans le cadre du filet social», dira une jeune handicapée.