Abandon n Quelle que soit leur infirmité, les personnes handicapées se sentent de plus en plus marginalisées. «Nous sommes des sous-citoyens», «des morts-vivants», «nous refusons d'être considérés comme des mendiants», ce sont-là, les multiples cris de détresse qu'on entend ici et là et que répètent de nombreux handicapés. C'est à se demander si les mécanismes de prise en charge mis en place fonctionnent réellement puisqu'à chaque fois qu'elles ont l'occasion de s'exprimer, les personnes aux besoins spéciaux soulèvent les mêmes problèmes. Cette frange de la population est, en effet, devant le fait accompli : mener un combat de tous les jours pour lutter contre les obstacles qui freinent son épanouissement et son intégration dans la société, ou tomber carrément dans le filet de la détresse. Rencontrée au niveau d'une association de personnes handicapées, Yamina, une femme d'un âge certain, révèle désespérément : «Je viens fréquemment ici demander de l'aide pour mon fils de 12 ans et handicapé à 100%. Il a besoin quotidiennement de couches et de médicaments. Pour percevoir une pension, il faut avoir pas moins de 18 ans, il faut donc attendre encore 6 ans de misère pour que mon fils ouvre droit à la charité sociale. Et ce n'est pas tout : mon mari est malade et nécessite une intervention chirurgicale. Sa pension de retraite ne suffit point, car j'ai six bouches à nourrir.» Bien entendu, il existe des centaines de cas comme celui de Yamina. Ces parents se disent incapables de prendre en charge leurs enfants handicapés surtout lorsqu'ils n'exercent aucune activité et ne perçoivent pas de pension. Il appartient, dans ce cas de figure, à l'Etat d'assumer ses responsabilités envers les personnes handicapées en les prenant en charge de manière effective à même de compenser leur handicap.» A cet égard, il y a la loi 02-09 du 08 mai 2002, relative à la promotion et à la protection des personnes handicapées qui prévoit, entre autres, la garantie d'un revenu minimum pour cette catégorie. L'article 05 de cette loi stipule que «les personnes handicapées, sans revenu, bénéficient d'une aide sociale qui se traduit par une prise en charge et/ou une allocation financière». Cependant, à la lecture de cet article, ce qu'il faut retenir, c'est la subtilité du terme utilisé, en ce sens qu'il ne s'agit plus d'un droit puisqu'on parle d'une aide. Mais le hic se trouve dans les montants alloués aux personnes handicapées, soit par les services sociaux des APC, soit par d'autres services prestataires. Pour percevoir 4 000 DA, il faut être handicapé à 100%. Les moins de 100% perçoivent 3 000 DA. Aussi, pour percevoir une pension de 4 000 DA même étant handicapé à 100%, il faut avoir pas moins de 18 ans !