Les pays du Golfe arabique cherchent à placer 450 milliards de dollars dans les pays d'Afrique, notamment ceux du Maghreb. C'est ce qui reste après avoir consacré plus de 1000 milliards de dollars au développement de leurs infrastructures ayant permis de transformer leurs déserts en véritables petits paradis artificiels. C'est dire l'importance de la manne pétrolière qui a propulsé ces nations regroupées depuis près d'un quart de siècle au sein du Conseil de coopération des pays du Golfe au 16e rang des pays les plus riches de la planète. Le très sérieux Institut américain des finances internationales (IIF), qui regroupe pas moins de 355 banques et institutions financières parmi lesquelles figurent des banques saoudiennes, bahréniennes, kowétiennes, quataries et émiraties, évoque un excédent historique de la balance des paiements des pays du Golfe estimé à plus de 30% de leur PIB évalué en 2006 à quelque 725 milliards de dollars. Un PIB qui promet d'être encore plus important en 2007, les recettes prévisionnelles d'hydrocarbures étant estimées à 544 milliards de dollars, soit beaucoup plus que les recettes d'exportations du Brésil, de l'Inde et de la Turquie réunis. C'est dire l'importance des capitaux générés par la hausse des prix des hydrocarbures, dont une bonne partie risque d'être oisive si on ne lui trouve pas de placements à l'étranger, mais si possible en dehors des USA et de certains pays occidentaux avec lesquels ils ont fait une bien mauvaise expérience (blocage de comptes) après les attentats du 11 septembre 2001. Ils se sont tournés depuis vers les pays d'Asie, notamment la Chine ainsi que vers l'Afrique, plus particulièrement le Maghreb. L'Algérie où ont été conduits avec succès un certain nombre d'investissements arabes, dont ceux effectués par le groupe Orascom, sans doute le plus connu, intéresse tout particulièrement certains pays du Golfe, parmi lesquels l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, peuvent être cités en exemple pour leurs engagements concrets dans les secteurs du tourisme, de l'immobilier et des télécommunications. La création de banques, le ciberpark de Sidi Abdellah, la réalisation de centres commerciaux, la construction de villages touristiques et l'achat d'un certain nombre de complexes industriels (cimenteries, reprise du complexe d'El Hadjar que cherche à vendre Mittal Steel etc.) intéressent vivement ces pays sous réserve d'obtenir des garanties de l'Etat algérien. Quelque 10 milliards de dollars seront consacrés à ces projets dans un premier temps et l'afflux des capitaux du Golfe pourrait, dit-on, s'accroître de façon plus conséquente, si l'Algérie parvient à améliorer le climat des affaires (notamment le problème du foncier immobilier et industriel) qui, en l'état actuel, est loin de constituer l'idéal pour les investisseurs. Se pose enfin la question de savoir si l'Algérie, qui est assise sur un matelas devises de quelque 60 milliards de dollars, a réellement besoin de ces capitaux, elle qui n'arrive même pas à consommer les capitaux qu'elle a consacrés au développement des infrastructures. Il a été, à titre d'exemple, mis à la disposition du ministère des Travaux publics pas moins de 10 milliards de dollars, soit cinq fois le budget nécessaire à la reconstruction du Liban, mais sur le terrain les projets les plus significatifs (autoroute Est-Ouest, infrastructures portuaires et aéroportuaires) n'ont toujours pas démarré effectivement pour des raisons essentiellement bureaucratiques. Face au relatif immobilisme de l'administration algérienne, les investisseurs arabes ont souvent émis le vœu de travailler directement avec les entrepreneurs privés algériens, dont les intentions et les besoins en matière d'investissement sont plus clairs et, surtout, plus sûrs d'être suivis d'effet. Ces opérateurs feront certainement mieux connaître ce qu'ils attendent des investisseurs des pays du Golfe, à l'occasion du 10e Forum de l'Union des hommes d'affaires arabes que le Forum des Chefs d'entreprises compte organiser les 18 et 19 novembre prochain au palais des Nations. Il est bien évident que le succès de cette rencontre reste conditionné par l'avancée des réformes du secteur bancaire et celles concernant plus globalement le climat des affaires, avec à la clé, la résolution une bonne fois pour toutes du problème du foncier et de l'accès aux actifs des entreprises privatisables.