Quel avenir pour les fonds d'investissement du Golfe en Afrique du Nord? cette question a constitué le thème central d'un dossier publié pour l'hebdomadaire économique africain "Les Afriques". Selon le magazine, les pays d'Afrique du Nord, et particulièrement le Maghreb, ne profitent pas assez de la déferlante des fonds souverains en provenance du Golfe. Il en ressort ainsi que les pays du Golfe devraient investir près de 150 milliards de dollars à l'étranger, en 2008, à travers des investissements directs ainsi que ceux de portefeuilles opérés par les entreprises publiques et privées du Conseil de coopération du Golfe (CCG), sans oublier les grands fonds d'Etat dont font partie les fonds souverains. Néanmoins, L'Afrique en général et le Maghreb en particulier ne devraient attirer qu'une part infime de ces 150 milliards de dollars soit, selon une première estimation, moins de 8 milliards de dollars pour tout le continent dont la moitié au Maghreb et en Egypte. Selon "Les Afriques", qui reprend les dires d'un responsable de la Chambre de commerce de Bahrein, "il y a deux priorités pour les pays du Golfe en matière d'investissement. Il y a d'abord les Etats-Unis car la faiblesse du dollar rend de nombreux actifs très bon marché. Ensuite, l'Asie constitue un autre axe prioritaire en raison du potentiel de croissance de cette région". L'article revient sur les potentialités qui existent au Maghreb indiquant que l'immobilier, le tourisme et les infrastructures portuaires sont les seuls domaines où la région apparaît sur le tableau de bord des investisseurs du Golfe, alors que les placements dans les Bourses maghrébines sont totalement exclus. La raison réside dans le fait que "les marchés financiers du Maghreb ne présentent aucun intérêt ", selon les dires d'un banquier saoudien qui ajoute qu'"ils ne sont pas liquides ; il est à la fois très difficile d'y entrer ou d'en sortir et l'environnement législatif n'est pas à la hauteur, notamment en matière de transparence et de protection des actionnaires étrangers. Cela dissuade les fonds du Golfe d'y opérer. C'est dommage, parce que nos investisseurs sont vraiment à la recherche d'opportunités". Dans le cas de l'Algérie, le problème est plus profond. "L'Algérie a un potentiel touristique évident mais la législation et les mentalités ne nous paraissent pas encore à la hauteur des enjeux.". C'est du moins ce qu'indique sous couvert d'anonymat, le directeur d'un grand groupe hôtelier du Golfe. Pour sa part, un homme d'affaires français, qui travaille désormais à Dubaï après avoir passé plus de quinze ans dans le Maghreb, relève que "le vrai atout de l'Algérie réside dans sa demande importante en matière de logements". Reste enfin un grand obstacle à l'investissement des " khalidji " au Maghreb, estime "Les Afriques". "La panne politique de l'Union du Maghreb arabe (UMA) et la quasi-absence d'échanges économiques entre ses membres sont autant d'éléments rédhibitoires pour des hommes d'affaires du Golfe désormais entièrement acquis à l'idée que les regroupements régionaux, doublés de zones de libre-échange, comme c'est le cas du CCG, sont une condition nécessaire pour attirer l'investissement étranger ".