Coup double dès le début de la Mostra avec les films d'Alain Resnais et Stéphane Frears, des réussites absolues. Resnais emballe une histoire dans un décor futuriste dans Public Fears, orchestrant avec brio le chassé-croisé de ses personnages (acteurs remarquables : Arditi, Azèna, Wilson, Morante, Dussolier …) qui jouent avec gravité et gaieté quelques jours de leur vie (solitude, recherche d'amour, menues batailles pour ne pas désespérer totalement de l'existence). L'histoire de Resnais parait étrange et à la fois si proche du quotidien. Le jury de Catherine Deneuve s'empressera peut-être de le mettre au palmarès. tout comme l'intempestif opus de l'Anglais Stephen Frears : The Queen. La mort tragique de la princesse Diana, le 31 août 1997, est un sujet de film. Stéphen Frears tenait à le faire. Le résultat est très fort, une charge frétillante contre la monarchie de son pays. Pour incompétence et absence de cœur, la cour d'Angleterre en apprenant l'accident fatal de Paris a cherché à faire le vide autour comme si cela ne concernait pas le Palais royal. Conséquences : touchée par la perte de Diana, la population de toute l'Angleterre, toutes classes confondues, a accusé la reine de manque de dignité. A travers mille et une reconstitutions, après des heures et des jours qui ont suivi la mort de Diana, Stéphen Frears se livre avec talent à une critique en règle contre Bukingham palace. Filmé face à la reine, on voit au contraire Tony Blair, avec malice, la forcer à changer de position. Sur l'affiche de ce film, des acteurs du Théâtre de Shakespeare, et surtout la superbe tragédienne Helen Miren qui joue le rôle de la reine. Autre film de la Mostra contemplé avec plaisir : Le banquet du Chinois Feng Xiaogang où l'on croise Zhang Ziyi, la belle actrice et qui est devenue l'âme du cinéma en Chine. Le film se passe dans l'époque étrange de la dynastie Tang, il y a deux mille ans. Les luttes internes de la dynastie Tang prennent l'allure d'un Hamlet chinois. Un empereur usurpateur assassine son frère, l'empereur régnant, et épouse sa femme. A la surprise de la Cour, celle-ci accepte. Au cours d'un banquet, dans l'ambition de régner seule, elle tente d'empoisonner son beau-frère, mari et empereur usurpateur… Jeu de massacre dont personne n'en sortira vivant, y compris l'impératrice elle-même. Mêlant les arts martiaux, le théâtre antique, la danse, la poésie et les chants, la mise en scène de Feng Xiaogang nous offre presque trois heures de grand spectacle, du cinéma grandiose. Décors et costumes somptueux, masques mystérieux et chorégraphie haletante. Un merveilleux ballet où le bien (les arts scéniques) et le mal (les arts chorégraphiques) s'affrontent sans merci et sans victoire. Pendant ce temps, les nuits du Lido tournent à la démesure. c'est l'alliance des vieilles familles nobles de Venise et des nouveaux riches, notamment les firmes comme Lancia, Valentino, Prada, Gabbana et tous les marchands de textile italien qui organisent des fêtes dans les palais anciens. Reste l'absolue nécessité pour la presse d'être à la première heure chaque matin à la Sala Perla quand la séance commence.