A qui reviendra le Lion d'or de la 63e Mostra ? On l'aura su hier de la bouche de Catherine Deneuve, la présidente du jury, où siègent aussi le cinéaste espagnol Bigos Luna, le producteur portugais Paulo Branco, l'acteur italien Michel Placido… la presse italienne a évidemment un grand favori avec L'Etoile qui manque, de Gianni Amelio. Une œuvre qui d'ailleurs est passionnante et qui franchit largement la barre de la qualité artistique. Les Italiens commencent à se sentir frustrés par la Mostra de Venise ; il y a fort longtemps qu'ils n'ont pas décroché le Lion d'or, alors qu'à Cannes, Nanni Moretti a fait mouche. Le film de Gianni Amelio est sur la Chine, mais ce n'est pas un point de vue manichéen, c'est un regard plutôt ouvert, sympathique sur un grand pays qui évolue à une vitesse supersonique. La presse fort attentive à la Mostra (les séances de la Sala Perla étaient pleines dès 8 h !) dit en général grand bien des films de Resnais et Frears, possible Lions d'or aussi cette année.Stephen Frears fait un portrait haut et fort de la monarchie britannique et de la classe dirigeante à Londres. Il montre que l'entourage de la reine d'Angleterre n'est pas forcément meilleur que celui de son premier ministre actuel (et en voie d'aller voir ailleurs …). The Queen est une chronique réussie, une observation déroutante de ce qui s'est passé les jours qui ont suivi la mort de la princesse Diana dans un accident de voiture à Paris. Dans Queen, il y a tous les secrets et les mystères de la manière dont fonctionne le pouvoir réel à Londres, sous la monarchie. Alain Resnais, favori aussi, a fait un film jeune à l'âge de 84 ans. Alain Resnais dit qu'il est fasciné par l'univers des comédies anglaises. Les personnages de Resnais dans Private Frears sont dans une solitude irréversible, ils habitent presque les mêmes lieux, les mêmes rues et immeubles à Paris et vivent chacun dans leur monde. Mais, paradoxalement, l'histoire de Resnais est très gaie, c'est du théâtre, ce n'est pas un film de désespoir. Quelque chose pousse ces femmes et ces hommes à s'en sortir, à rechercher le bonheur… Il y a aussi d'autres palmarès attendus. Celui de la section Orizonti nous intéresse tout particulièrement pour le film fort réussi de Tariq Téguia (Roma). Tariq a eu une bonne idée de film. La mise en scène, le jeu des acteurs (Rachid Amrani, Samira Kaddour, Ahmed Ben Aïssa notamment), tout est original, incontestablement bien fait. L'autre section : Premio Citta di Venezia a aussi sélectionné de manière très justifiée le beau film de Djamila Sahraoui : Barakat. C'est là aussi un travail cinématographique très original et qui mérite un prix. Grâce à Tariq et Djamila, le drapeau algérien a flotté pendant dix jours sur le palais de la Mostra de Venise. Cela indique peut-être que, sans l'aide de personne (officiellement), le cinéma algérien a un sens aigu de la représentation de notre pays dans les plus prestigieuses rencontres cinématographiques mondiales.