Dans cette interview, Louiza Amrioui, chef du département marketing de Mediterranean Float Glass (MFG), filiale du groupe Cevital spécialisée dans la fabrication du verre plat, revient sur l'évolution de l'entreprise depuis sa création, en 2007. Elle aborde également ses ambitions en matière d'investissement et d'export. - MFG, créée en en 2007, a évolué à pas de géant en quelques années. Pouvez-vous nous en parler ? A son démarrage, l'entreprise a mis en place un float d'une capacité de production de 600 tonnes/jour. Le terme «float» se réfère à la technologie la plus récente pour produire du verre plat avec un certain niveau de qualité. Les besoins du marché local représentaient, en 2007, environ 30% de la production de l'entreprise, les 70% restants étant exportés. Pour ce faire, le complexe a mis en place deux bases logistiques à Trinita (Italie) et Valence (Espagne), lesquelles sont gérées par la filiale MGF-Europe. Pour accéder au marché européen, qui est très exigeant, l'entreprise a fait d'importants efforts en matière de qualité. D'ailleurs, la qualité de production du complexe dépasse la qualité des floatiers européens. La production de l'entreprise est certifiée CE. Nous avons aussi acquis d'autres marquages qui sont exigés par certains marchés européens, comme l'Italie. La qualité de transparence constitue l'une des particularités du verre plat fabriqué par MFG. Et ce produit est très apprécié par les consommateurs européens. En 2009, l'entreprise a aussi lancé l'unité de fabrication de verre feuilleté de format PLF destiné au marché européen. Ce verre a des performances d'isolation acoustique. MFG a également lancé une unité semi-industrielle pour la fabrication de verre à couches tendres qui a des performances en matière d'économie d'énergie. Il y a quelques mois, toujours au niveau de la même unité, nous avons lancé, en partenariat avec un laboratoire allemand, deux gammes de produits qui associent la réflexion des ultraviolets et l'isolation thermique. Deux autres produits sont toujours en phase de test et seront lancés prochainement. Certifiée C4 et dotée d'équipements de haute technologie, la quatrième unité de transformation de verre prend en charge uniquement les besoins du marché local. La société était dans l'obligation de se lancer dans la transformation du verre uniquement parce que la production des transformateurs locaux est restée à l'état artisanal. MFG a aussi lancé le complexe de menuiserie pour la fabrication de fenêtres et portes-fenêtres. Implanté à Bordj Bou Arreridj, celui-ci va consommer le verre fabriqué par MFG. L'entreprise a fait passer l'Algérie du statut d'importateur à celui d'exportateur de verre. Ce qui constitue une grande fierté ! - Peut-on savoir quels sont les projets de l'entreprise à court et moyen termes ? La société a mis en place une seconde ligne de production de verre float, d'une capacité de 800 tonnes/jour, qui sera opérationnelle en septembre prochain. Dès le démarrage de la deuxième ligne, nous lancerons également la production des verres colorés dans la masse, ce que nous ne faisons pas aujourd'hui. Ce produit sera destiné aux marchés domestiques et à l'export. Nous lancerons aussi une autre gamme,à savoir les verres à couches dures. Cette catégorie de verre est consommable même en simple vitrage. Nous avons prévu de commercialiser ce type de verre parce que les marchés des pays maghrébins et africains ne sont pas des consommateurs de verres à couches tendres. D'ailleurs, la famille de produits en verre à couches tendres est pratiquement à 100% exportée vers l'Europe. Dans les pays du Maghreb et d'Afrique, la consommation du double vitrage est minime par rapport au marché européen. - Quelles sont vos parts de marché, notamment à l'étranger ? La société a investi beaucoup dans la création de différentes unités et le développement de certaines catégories de produits. L'entreprise emploie actuellement plus de 800 employés. Avec l'entrée en service de la seconde ligne et le lancement de nouveaux produits, l'entreprise comptabilisera plus de 1000 employés. A son démarrage, l'entreprise a obtenu avoir la quasi totalité du marché algérien. Elle a pu être classée parmi les quatre, voire les trois premiers fournisseurs du marché italien et espagnol. MFG est depuis 2008 n°1 sur le marché tunisien — ce qui est très important — en dépassant les 95% de parts du marché. Récemment, nous nous sommes installés au Maroc avec l'objectif d'être dominants sur ce marché. Nous avons aussi ciblé de nouveaux marchés et nous voulons en devenir les leaders. - Quelle est votre politique en matière de formation ? Outre la formation continue de notre personnel, nous assurons également un soutien en matière de formation pour les professionnels du bâtiment, dont les architectes et les bureaux d'études. Les journées d'information portent notamment sur l'évolution permanente des matériaux, le choix du double vitrage, les exigences de sécurité et d'économie d'énergie. Pourquoi votre entreprise a préféré recourir à la mise en place de bases logistiques à l'étranger plutôt qu'en Algérie ? Cela fait partie de la stratégie de l'entreprise. La mise en place de bases logistiques à l'étranger vise à se différencier de la concurrence et surtout à mieux répondre à la demande de nos clients. Avoir des installations en Algérie ne nous permettait pas de répondre à la demande de notre clientèle ; je dois avouer que nous rencontrons beaucoup de difficultés à l'exportation, contrairement à ce que dit le discours officiel en matière d'encouragement de l'acte d'exportation. - Pouvez-vous nous en dire davantage sur la nature de ces contraintes ? Outre la perte de temps pour expédier notre marchandise, les procédures d'exportation nous coûtent beaucoup d'argent également. C'est nous qui payons les surestaries. Aujourd'hui, je ne comprends pas qu'une entreprise exportatrice reconnue par les grandes entreprises européennes soit pénalisée de la sorte. Lors du lancement de l'entreprise, nous importions du sable. Du coup, MFG a acquis deux carrières loin de notre usine de Larbaâ. Lorsque Cevital a voulu acheter une carrière de sable à Tipasa, les institutions compétentes ont refusé de la lui céder. Pour l'instant, il n'y a pas de plan de charge pour aider les entreprises à exporter. En Turquie, par exemple, l'entreprise turque bénéficie d'une subvention, d'une réduction sur les impôts à hauteur des performances en matière d'exportation, voire d'autres facilitations. En Algérie, il n'y a rien de tout cela. Toutes ces difficultés ne nous aident pas à répondre efficacement à la demande des marchés que nous ciblons. Les autorités accordent la priorité à l'importation plutôt qu'à l'exportation. L'on a même créé un couloir vert au bénéfice de l'importation. C'est très étonnant !