Deux scandales quasi identiques, ayant éclaté presque aux mêmes périodes, touchant deux entreprises de la même taille, intervenant dans le même secteur, pesant le même poids pour leurs économies respectives et où est impliqué le même nombre de responsables du même rang. La seule différence se situe dans les résultats des enquêtes pénales menées à l'intérieur comme à l'extérieur du territoire. Il s'agit de la compagnie pétrolière algérienne Sonatrach et sa jumelle brésilienne Pétrobras. Si pour la première les enquêtes semblent s'éterniser et les 200 millions d'euros, produits de corruption avérée, sont toujours à l'abri, dans plusieurs banques à l'étranger, la seconde, quant à elle, commence déjà à rapatrier l'argent qu'on lui a ravi via des systèmes de collusion internationale mis en place par ses ex-dirigeants. Ainsi, dans l'affaire Pétrobras, le Ministère public de la Confédération (MPC) en charge d'une dizaine d'enquêtes pénales, dont une partie dans le cadre de l'entraide judiciaire, a libéré, en mars dernier, quelque 120 millions de dollars sur les 400 millions, représentant les avoirs bloqués en Suisse aux fins de rapatriement au Brésil. Ces enquêtes pénales ont été ouvertes par le MPC en avril 2014 sur la base d'une soixantaine d'annonces de soupçon de blanchiment d'argent en rapport avec des faits de corruption dont sont présumés accusés d'ex-cadres de Pétrobras, des responsables de sous-traitants, des intermédiaires financiers, de même que, directement ou indirectement, des entreprises brésiliennes ou étrangères ayant versé des pots-de-vin, apprend le MPC. Les investigations qu'il a menées ont abouti à l'identification de plus de 300 relations d'affaires avec plus de 30 établissements bancaires en Suisse, via lesquelles les versements pour corruption examinés par le Brésil auraient transité. Ceci dit, lancées au Brésil en 2009 et 5 ans plus tard en Suisse, les enquêtes nationales et internationales relatives au scandale de corruption Pétrobras commencent déjà à porter leurs fruits. Pour Sonatrach, elles vont nonchalamment du côté algérien, et ce, au moment où le MPC comme le Ministère public genevois (MP-GE) semblent déterminés à tout mettre en œuvre pour l'élucidation du scandale Sonatrach-ENI, car il y va de la réputation de sa célèbre place financière.