L'opposition tire ses dernières cartouches à trois jours d'une décision de justice qui risque d'avoir de graves conséquences pour l'avenir du parti. Le tribunal de Bir Mourad Raïs devra se prononcer, demain, sur la légalité de l'autorisation délivrée par les services de la wilaya d'Alger pour la tenue du 10e congrès. En résumé, une décision en faveur de l'opposition et le congrès est reportée à une date ultérieure «pour trouver une solution à la crise et préparer le congrès dans les meilleures conditions et non pas en trois semaines comme est en train de le faire la direction actuelle», indique le sénateur Goudjil, qui se dit confiant quant à leur bon droit. Pour cela, il rappel que le 8e congrès avait été annulé par la justice. Une jurisprudence qu'il estime applicable pour ce cas de figure. Mais si certains sont persuadés que les «jeux sont faits» en faveur de Amar Saadani, le rendez-vous d'hier a au moins permis aux adversaires du secrétaire général de présenter, pour la première fois, un front uni. Ainsi, Salah Goudjil côtoyait Abdelkrim Abada, celui-là même qui l'avait dépossédé du mouvement des redresseurs, et Abderrahmane Belayat, un ancien membre du bureau politique du temps de Abdelaziz Belkhadem. Comme le reconnaissait Abdelkrim Abada, coordinateur du mouvement des redresseurs : «Si avant, on avait le même objectif mais des méthodes différentes pour y parvenir, aujourd'hui toute l'opposition parle d'une même voix.» Reste que l'ombre de Abdelaziz Belkhadem a plané sur la rencontre d'hier, tant la perspective de son retour à la tête du parti est facteur de division. Les responsables ont donc décidé de ne pas aborder la question pour l'heure. «On préfère ne pas précipiter les choses et ne pas ajouter de la division à la division, affirme un membre du comité central. Pour le moment, on évite les questions qui fâchent et on se concentre sur ce qui nous unis.» Et l'opposition de désapprouver à demi-mot le silence de Bouteflika, président d'honneur du parti. Pour Abdelkrim Abada, le Président devra à un moment donné prendre position sur la question. «Il devra se prononcer sur le sujet», a-t-il déclaré. D'ailleurs, dans une déclaration remise à la presse, Salah Goudjil va plus loin et rappelle à Bouteflika ses obligations envers un parti auquel «il a toujours appartenu depuis sa prime jeunesse» et par conséquent «il ne peut accepter que de son vivant le FLN subisse un sort aussi lamentable que celui qui l'attend si les choses restent en l'état». Si les adversaires à Amar Saadani ont tenu à montrer un front uni, ils ont par contre refusé de révéler leurs forces. Objet d'un vif débat avec la direction qui les accuse de gonfler les chiffres de leurs soutiens, ils ont promis de révéler avant demain la liste des membres du comité central et députés qui approuvent leur démarche «pour couper court aux mensonges de l'équipe de Amar Saadani», a fait savoir Abdelkrim Abada.