Le statut d'allié majeur non membre de l'Otan, proposé par le président Obama au Congrès à l'intention de la Tunisie, constitue le condensat du soutien exprimé par les Etats-Unis au processus de transition en cours dans ce pays et qui s'est parfaitement manifesté lors de la visite, les 20 et 21 mai, du président Béji Caïd Essebsi à Washington. En accueillant le président tunisien, Béji Caïd Essebsi (BCE), à la Maison-Blanche, le président américain a salué les réalisations accomplies par la Tunisie et affirmé que les Etats-Unis s'engagent entièrement à œuvrer pour que cette réussite persiste. «Il importe de reconnaître que le pays, où s'est déclenché le Printemps arabe est celui qui est parvenu à accomplir le plus de progrès», a déclaré Barack Obama. La question de sécurité, d'importance majeure pour les Etats-Unis, a été également abordée. Les deux parties ont souligné la nécessité d'unifier les efforts pour lutter contre le terrorisme. Et c'est dans ce contexte qu'Obama a annoncé l'octroi à la Tunisie du statut d'allié majeur non membre de l'OTAN. Le statut d'allié majeur permettra à la Tunisie de bénéficier d'un soutien massif dans divers domaines, notamment militaire et sécuritaire, et lui donnera accès aux technologies très avancées, armement de dernière génération et de renseignements de haut niveau. Ce statut est considéré par les spécialistes comme le plus élevé rarement accordé par les Etats-Unis et réservé jusque-là à une quinzaine d'alliés, dont le Japon, l'Australie, l'Afghanistan ou encore l'Egypte, Bahreïn et le Maroc. Beaucoup reste à faire Dans ses différentes interventions aux Etats-Unis, le président tunisien a tenu à relativiser la réussite de l'expérience tunisienne et insister sur les risques de contrecoup. «Malgré l'importance des acquis accomplis pour enraciner les attributs du changement démocratique, ce processus reste menacé par des parties qui ne croient pas à la démocratie ou au regard de l'environnement dans lequel vit la Tunisie», a averti BCE. Il a également mis l'accent sur les problèmes sécuritaires persistants et les défis socioéconomiques auxquels fait face l'actuel gouvernement comme le chômage, la pauvreté et la marginalisation. «La Tunisie s'est déjà engagée sur la voie des réformes pour promouvoir son économie et le gouvernement escompte leur mise en application avant la fin de l'année de manière à lancer un message fort au monde qu'elle est sur la bonne voie en matière de bonne gouvernance», a notamment dit le président tunisien. BCE donnait ainsi une réponse indirecte à la ministre américaine du Commerce, Penny Pritzker, qui affirmait que «la Tunisie a besoin d'une vision économique sur le long terme pour convaincre les investisseurs». Barack Obama a également insisté sur la nécessité de renforcer la coopération pour réaliser la stabilité de la Libye et pour que le climat de tension qui règne dans ce pays n'ait pas d'impact sur la Tunisie. Il a précisé avoir longuement évoqué avec son homologue tunisien la lutte anti-terroriste mais aussi la nécessité de favoriser une solution politique en Libye pour éviter que le vide du pouvoir n'ait un impact négatif sur la situation en Tunisie et dans la région. Pour sa part, le président Béji Caïd Essebsi a exprimé ses craintes sur le fait que «notre environnement régional pourrait représenter une menace pour le processus démocratique en Tunisie et sur la stabilité de tous les pays de la région», a-t-il mis en garde, en référence à l'effondrement des institutions à Tripoli.