- Où placez-vous cette candidature ? C'est un honneur pour moi d'être le candidat de mon pays, et j'ose espérer être celui de l'Afrique du Nord à ce poste important à un moment crucial de l'histoire de notre continent. Mon pays a soumis ma candidature à la présidence de la BAD parce qu'il considère que la noble mission que cela impliquerait aura de grandes répercussions à l'échelle régionale, continentale et même mondiale. Je mesure tout à fait la responsabilité qui m'attend, et je me sens tout à fait apte à relever les défis qui nous attendent et saisir les opportunités qui s'offrent à nous. - Qu'apportera Jalloul Ayed de nouveau à la BAD si jamais il est élu ? De solides antécédents dans les domaines financiers et économiques, une connaissance non négligeable de la finance internationale et des marchés de capitaux, une expérience combinée des secteurs public et privé, une expérience solide dans la gestion de grandes organisations, et surtout une réelle passion et une riche expérience dans le continent africain qui remonte à plusieurs années. - Et quels nouveaux programmes de développement seraient-ils éventuellement proposés aux Etats africains ? Je compte mettre beaucoup plus l'accent sur le secteur privé qui représente pour moi l'épine dorsale du développement durable et inclusif, ainsi que le meilleur moyen de combattre la pauvreté, le chômage et l'exclusion sociale. J'attacherai une importance particulière aux PME et aux micro-entreprises, car elles représentent la part du lion du tissu économique de l'ensemble des pays africains. Je m'engagerai avec détermination à combattre les effets désastreux, présents et futurs, des changements climatiques dans notre continent. Et je ferai en sorte de consolider la position de la BAD en tant que première institution de développement en Afrique et un passage obligé sur tout ce qui touche le développement durable, inclusif et vert dans notre continent. - L'Afrique est considérée comme le continent disposant de la plus grande marge de progression. Que comptera faire la BAD pour optimiser cette marge ? Effectivement, dotée de ressources naturelles inestimables et d'une population jeune qui doublera d'ici 2050, l'Afrique est déjà perçue comme étant incontestablement le continent de l'avenir à l'échelle planétaire. La BAD jouera pleinement son rôle pour assurer les meilleures conditions pour que l'Afrique puisse saisir l'opportunité historique qui se présente à elle. Cela consistera à atteindre dans les 30 ans à venir les objectifs post-2015 d'un continent qui réussira à éradiquer la pauvreté, la malnutrition, les maladies endémiques et à promouvoir l'égalité des chances à tous les Africains. - Plusieurs pays africains reprochent à la BAD d'être une banque comme les autres et de ne pas se soucier des problèmes des plus pauvres. Que leur dit Jalloul Ayed ? Je dirai que c'est un point de vue mal informé. Durant les dix dernières années, la banque a fait des progrès remarquables et a contribué effectivement à améliorer les conditions de vie de millions d'Africains. Elle est considérée aujourd'hui comme étant la référence incontestable en matière de développement en Afrique. Si l'honneur devait m'échoir de diriger la Banque, je m'engage à lui donner une dimension nettement plus importante. - Comment Jalloul Ayed envisage-t-il de réagir face à l'avancée de la Chine en Afrique ? Positivement. La Chine a joué un rôle non négligeable dans le développement de l'Afrique et sa contribution, particulièrement en matière de financement des infrastructures, est notable. Ceci est d'autant plus important que l'Afrique continue à souffrir d'un déficit en matière de financement des infrastructures qui dépasse les 50 milliards de dollars US par an. La BAD a développé un partenariat fécond avec la Chine avec le lancement, l'an dernier, d'un fonds de 2 milliards de dollars US qui servirait à financer des projets en Afrique. - Quel partenariat pourrait proposer la BAD aux pays pétroliers, et plus spécifiquement à l'Algérie ? L'importance de l'Algérie sur la scène africaine n'est plus à démontrer. Ce pays frère a joué un rôle de premier plan dans le combat panafricaniste pour la libération de l'Afrique et continue à apporter sa contribution significative dans l'effort d'unification de notre continent. Au cours de l'histoire récente, l'Algérie n'a pas eu recours aux marchés de financements internationaux ni aux bailleurs multilatéraux, mais je pense qu'il existe plusieurs domaines de coopération et de partenariat entre la BAD et l'Algérie que je m'engagerai à explorer avec nos frères algériens si je devais prendre la direction de cette institution. Je citerai en particulier le domaine énergétique pour lequel l'Algérie jouit d'atouts considérables qu'elle peut mettre à contribution dans plusieurs pays africains qui offrent des opportunités colossales d'investissement et de coopération. L'autre domaine auquel j'attache personnellement une importance toute particulière consiste au développement des marchés de capitaux algériens. La BAD serait en mesure de mettre à la disposition de l'Algérie ses ressources et son expertise dans ce domaine, et apporter ainsi sa contribution au développement de ces marchés qui jouent un rôle crucial dans le financement de l'économie algérienne, surtout en réponse aux besoins de financement à moyen et long termes. - Que promettez-vous à l'Afrique du Nord en cas devotre élection ? J'espère pouvoir réussir à assurer une meilleure intégration de l'Afrique du Nord au reste du continent, à offrir des opportunités à l'ensemble des acteurs publics, semi-publics et privés, aussi bien au nord et qu'au sud du Sahara pour découvrir les potentialités extraordinaires dont regorge notre continent, et de renforcer les liens de coopération entre tous les acteurs africains quelles que soient leurs origines pour faire de notre continent un espace unifié de paix, de fraternité et de prospérité pour tous les Africains.