Les députés ont approuvé, hier, le projet de loi relatif à la protection de l'enfant, lors d'une séance houleuse caractérisée par la contestation des partis islamistes. Les élus du FLN, RND et le PT ont dit «oui» au texte de loi, le FFS s'est abstenu, alors que les députés de l'Alliance de l'Algérie verte (MSP, El Islah et Ennahda) ont non seulement rejeté le projet, mais ont également boycotté la plénière pour protester contre l'absence de quorum. Certes, l'hémicycle était hier pratiquement vide, et la séance de vote a été repoussée de plus d'une heure afin de permettre aux retardataires de rejoindre la plénière. A 11h30, le président de l'APN, Larbi Ould Khelifa, a annoncé l'ouverture des travaux et expliqué que le quorum était atteint, puisque 235 députés sur les 462 étaient présents dans la salle, en plus des procurations. Mais, ces explications n'ont pas convaincu les députés de l'Alliance verte, qui ont alors décidé de quitter la salle en criant au scandale. Selon Naâmane Laouar, élu du MSP, le président de l'APN a enfreint le règlement intérieur. «Ce n'est pas la première fois qu'Ould Khelifa transgresse le règlement intérieur. Pour couper court à la polémique autour du quorum, l'APN aurait dû mettre à notre disposition un ordinateur, d'autant plus qu'elle a les moyens de sa politique». Le boycott de la séance par les députés de l'Alliance n'est pas motivé uniquement par l'absence du quorum, mais aussi par le rejet par la commission des affaires juridiques des 17 amendements déposés par cette formation. En somme, les députés islamistes ont critiqué le contenu de ce projet qui ne répond pas, de leur point de vue, aux attentes de la société algérienne et n'est pas inspiré de la charia. «Ce texte vient trouver des solutions à des questions qui n'existent pas en Algérie, tandis que les vraies questions qui existent, telles que les enlèvements, le viol et les assassinats ont été négligés. Ce projet a été mis en œuvre pour plaire aux étrangers», accuse Naâmane. De leur côté, les élus du FFS se sont abstenus, car ils considèrent que la question de la protection de l'enfant doit être traitée dans le cadre d'une approche globale, en tenant compte de l'aspect préventif. Par ailleurs, le PT a voté pour le projet en dépit du rejet par la commission juridique de la majorité de leurs amendements. Sur les onze propositions, trois amendements seulement ont été retenus complètement et le reste de manière partielle. Contrairement aux islamistes, qui militent pour que l'Etat ne s'immisce pas dans les affaires de la famille, le PT est pour que l'Etat intervienne dans tous les domaines. «Ce projet est un pas de plus dans la protection de l'enfance. Mais il reste insuffisant. Il faut prendre en charge le problème de la déperdition scolaire. 300 000 enfants quittent l'école avant l'âge de 16 ans. Il faut des mesures d'accompagnement», explique M. Taâzibt. Par ailleurs, le ministre de la Justice a mené une bataille, selon ses dires, pour que ce texte, qui était dans les tiroirs depuis 2005 voie aujourd'hui le jour. «Ce projet vise la protection des enfants, que ce soit dans la famille, à l'école, ou dans la rue. L'Etat a aujourd'hui des instruments pour intervenir au sein de la famille pour protéger les enfants», affirme Louh, en précisant que ce texte prévoyait notamment la création d'une instance nationale pour la protection et la promotion de l'enfance présidée par un commissaire national qui sera chargé de l'élaboration de programmes et de rapports annuels qui permettront aux professionnels d'agir.