Sale temps pour la FIFA et Joseph Sepp Blatter. Depuis mercredi, l'institution et son président sont au cœur d'une tempête dont ils ne sortiront pas indemnes. La justice américaine les a dans le collimateur. L'impunité dont ils usaient abusivement est terminée. Ils devront s'expliquer sur de multiples affaires (corruption, malversations, pots-de-vin et blanchiment d'argent) et bien d'autres délits passibles de peines de prison. La roue a tourné. Jamais depuis sa fondation, en mai 1904 à Paris, la FIFA n'a vécu de tels moments. Des membres du comité exécutif sont arrêtés, d'autres sont en attente, de graves accusations sont portés contre des «dignitaires» qui ont fait du football et de la FIFA un juteux fond de commerce, un président (Blatter) qui se conduit comme un monarque et dicte sa loi à la planète du ballon rond… tout cela est bien fini. La fin de la récréation a sonné pour ces dirigeants véreux qui ont souillé le football, violé son éthique et marchandé les nombreux principes du sport-roi. Les hommes arrêtés mercredi et qui seront bientôt inculpés sont du menu fretin par rapport à ceux qui vont suivre. Joseph Sepp Blatter n'a aucune chance de passer entre les mailles du filet, comme il a l'habitude de le faire à chaque fois qu'il est mis en cause dans une affaire de corruption. Cette fois-ci, il aura à s'expliquer avec la justice américaine et non plus avec la commission d'éthique de la FIFA, qui couvre ses frasques à chaque fois que de besoin. La machine enclenchée va broyer des dirigeants de la FIFA qui ont trempé dans la corruption. Trois anciens lieutenants de Joseph Blatter – le Brésilien Ricardo Teixeira, Jacques Warner (Trinidad-Tobago) et Chuck Blazer, ex-responsables de la Concacaf – enfonceront le président de la FIFA lorsqu'ils videront leur sac. Le président de la CAF, Issa Hayatou, et deux membres du comité exécutif en 2010, l'Ivoirien Jacques Anouma et le Nigérian Amos Adamu – et peut être l'Egyptien Hani Abo Rida – risquent gros à la lumière des révélations de Phaedra Almajid, qui était en 2010 membre du comité de candidature Qatar-2022, qui a indiqué que les trois premiers cités ont reçu 1,5 million de dollars chacun pour voter en faveur de Qatar lors du scrutin du 2 décembre 2010 ; à l'époque, ils étaient membres du comité exécutif de la FIFA. Ces hommes sont directement visés par le parquet suisse dans le cadre d'une procédure pénale contre X pour «soupçon de blanchiment d'argent» et «gestion déloyale» entourant les attributions des Coupes du monde 2018 à la Russie et 2022 au Qatar. Le rapport de plus de 400 pages du juge américain Michael Garcia, chargé par la FIFA d'enquêter sur les circonstances d'attribution des deux Coupes du monde, ne laisse planer aucun doute sur l'implication des dirigeants africains cités dans le vote en faveur du Qatar, en contrepartie d'une importante somme d'argent.