Des fleurs, des messages d'amour et des condoléances attristées sont déposés quotidiennement devant la stèle d'acier dédiée à Pluton sur la grande esplanade de Washington. Le 1er septembre, à l'université du Nouveau-Mexique, le fils de Clyde Tombaugh, l'astronome qui a découvert Pluton en 1930, était entouré de moins d'une centaine de personnes, étudiants et professeurs, pour protester contre la relégation, le 24 août dernier, par l'Union internationale d'astronome (UAI) de Pluton, ex-planète, 9e planète classique du système solaire, une boule de glace à 4,5 milliards de km, plus petite que la lune, redevenue une planète naine par décision de l'AG de l'AUI et qui sera sans aucun doute bientôt suivie par d'autres (voir El Watan du 26 août). Clyde Tombaugh, le seul Américain à avoir découvert une planète, « est un héros national et rien que pour cela, le statut de Pluton ne devrait pas être modifié », ont déclaré des scientifiques qui ont lancé une pétition sur Internet et qui, ensuite, ont dû la retirer face aux débordements du public. Certains ont considéré comme un affront personnel la décision de l'assemblée générale de l'UAI et proposent de ne pas se conformer à la nouvelle classification de Pluton. Le plus déçu est certainement l'astronaute Alan Stern, qui a découvert deux lunes de Pluton en 2005 et responsable de la sonde New Horizons, qui a été lancée en janvier par la NASA et qui passera par Pluton en juillet 2015, si tout va bien (elle emporte des cendres de Clyde Tombaugh, qui est mort en 1997). La presse est unanime à défendre Pluton bafouée : « Planète un jour, planète toujours », ont soutenu les éditorialistes de Washington Post. Internet a été envahit de sites vendant de la « marchandise plutonienne ». Des t-shirts à 25 dollars, par une vendeuse qui affirme ne pas faire ça pour de l'argent et des autocollants à 4 dollars avec des messages suggestifs. 1500 produits en 24 heures, a relevé une agence de San Francisco. Pour les Américains, Plutôt se dit Pluto. Et, bien entendu, ont vite fait d'associer le dieu des enfers à l'ami fidèle de Mickey, car nombreux sont ceux qui pensent que c'est ce dernier qui est à l'origine du nom de la planète. D'autres scientifiques s'interrogent encore sur ces nouvelles tendances du traitement de l'information scientifique : « Pendant que les bombes continuent de ravager l'Irak, que le Liban est toujours sous blocus et qu'on trouve des difficultés à mettre en place la nouvelle Finul, les astronautes américains font la manchette pour un débat purement linguistique », soulignent des astronautes qui rappellent que la décision de l'AUI de déclasser ou reclasser Pluton est une conséquence directe des prodigieuses avancées de l'astronomie de ces 25 dernières années.