Pour marquer le centenaire de la naissance de Mostepha Bendebbagh (5 septembre 1905-22 janvier 2006), le Musée national des beaux-arts à Alger abrite, depuis mercredi dernier, une exposition d'enluminures et de miniatures. L'exposition s'étend sur un mois. Elle met à l'appréciation du public soixante œuvres dont dix-huit de Bendebbagh, des enluminures d'autant que l'artiste en question s'est investi, sa vie durant, dans cette facette d'expression artistique. Les autres œuvres appartiennent à ses élèves, à l'exemple des miniaturistes et enlumineurs Zakaria Morsli et Ali Kerbouche. Parmi les œuvres de l'artiste exposées, Bouquet de fleurs et Le roi des oiseaux traînant au milieu d'un décor floral. Des œuvres qui reflètent la dextérité émérite de Bendebbagh dans l'art de la décoration et de l'harmonie des couleurs. Aussi, il est relevé dans ses autres enluminures, plusieurs éléments, entre autres les éléments floraux, calligraphiques, géométriques et zoomorphiques. Outre leur dimension esthétique, ils constituent aussi des symboles puisés dans l'imaginaire de la société. A titre d'exemple, les fleurs qui signifient jardin du paradis, l'amour, le parfum, le printemps et le goût de vivre. L'oiseau reflète le messager de dieu, amenant la bonne nouvelle, à savoir que le blé poussera et que les eaux reprendront leur cours et que le bonheur reviendra. Le poisson est tiré d'une légende. En effet, à une époque lointaine, la sécheresse a sévi, les paysans dépourvus de nourriture. Ainsi, ils abandonnent leur terre pour des régions côtières pour pêcher le poisson. L'utilisation des couleurs obéit au même souci symbolique. Ainsi, le bleu ciel, c'est le ciel d'où tombe la pluie, laquelle donne la vie à tout ce qui est sur terre. le jaune symbolise le soleil qui donne la chaleur nécessaire pour être en bonne santé. Le noir traduit la nuit, le repos après le travail et les beaux rêves. Et le blanc, la neige, l'hiver, le froid, la propreté de corps et d'esprit et la conscience tranquille. D'anciens élèves de Bendebbagh n'ont pas manqué à cette occasion de raviver des souvenirs avec l'artiste auprès de qui ils ont glané beaucoup de connaissances en matière d'arts appliqués. « Bendebbagh est le doyen des arts appliqués en Algérie. Je l'ai connu à l'Ecole des beaux-arts d'Alger dans les années 1980. C'était un artiste généreux et sage. Sur le plan pédagogique, il a donné le meilleur de lui-même pour inculquer ses connaissances à ses élèves. Nous l'abordions dans les cafés, la rue et autres lieux publics pour profiter de ses connaissances », se rappelle le miniaturiste et décorateur sur bois Zakaria Morsli. « Je l'ai connu en 1964 à l'Ecole d'architecture et à celle des beaux-arts d'Alger. Il était spécialisé dans les arts appliqués, notamment la décoration sur bois. Dans la section arts appliqués, nous apprenions des métiers. Bendebbagh comptait parmi nos enseignants. Beaucoup de ses élèves ont gardé contact avec lui après leurs études. Nous lui rendions visite. Comme il était présent avec nous quand nous organisions des expositions », relate le miniaturiste Ali Kerbouche. Notons que Mostepha Bendebbagh a exposé pour la première fois en 1922 à Marseille. En 1929, il participe à l'exposition internationale à Newcastle en Grande-Bretagne. En 1933, il prend part à l'exposition internationale à Chicago aux Etats-Unis. Après l'indépendance, il prend part, entre autres en 1964, à la première exposition des arts appliqués nationaux à Alger. Puis en 1968 à l'exposition des beaux-arts et arts appliqués à Alger. En 1982, il est nommé doyen de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger. Bendebbagh a aussi effectué de nombreux voyages d'études. Le premier en 1968 en Russie et en Asie centrale. Puis en 1975, à Budapest en Hongrie, où il organise une exposition.