Reconnaissance n Le musée, soucieux depuis quelques années de reconsidérer l'art algérien dans sa diversité et son intégralité, promet une meilleure évocation de nos artistes. Le Musée national des beaux-arts organise, aujourd'hui, une exposition rétrospective de l'œuvre de l'artiste Mostafa Bendebbagh qui, constituant un cas dans l'histoire de l'art algérien puisqu'il a créé, à lui seul, une école, puisqu'il a livré son art et partagé son travail, a vécu cent ans, et que le 6 septembre est la date anniversaire du centenaire de l'artiste qui nous a quittés il y a quelques mois. A cette occasion, une conférence a été animée, hier, par Mme Dalila M'hamed Orfali, directrice du musée, et de quelques artistes, comme Skander et Kechkoul, disciples de Mostafa Bendebbagh. Lors de cette rencontre, la directrice du musée a déploré la disparition de Mostafa Bendebbagh dans l'anonymat, regrettant que rien n'a été fait de son vivant, ni par le musée ni par une autre instance, pour le faire connaître et faire valoir son art et son travail. «Le musée, longtemps, n'a pas été le lien entre le public et les artistes», déclare-t-elle, ajoutant, avec regret, que le musée n'a pas joué son rôle, celui de servir l'artiste. «C'est pour cette raison que nous cherchons, depuis quelques années, à combler ce vide, en essayant de servir nos artistes à travers des expositions et des tables rondes», dit-elle. Le musée, soucieux depuis quelques années de reconsidérer l'art algérien dans sa diversité et son intégralité, promet une meilleure reconnaissance de nos artistes, en se fixant un ambitieux objectif : faire exposer les grands noms de l'art algérien, tous ceux qui ont contribué à le faire et à l'enrichir. Par ailleurs, la directrice du musée a déploré l'absence de documents, d'ouvrages consacrés, d'une manière exhaustive et objective, à l'histoire de l'art algérien. «Il n'y a pas de document global retraçant l'histoire de l'art algérien, ou des publications sur la vie et l'œuvre de nos artistes», regrette-t-elle, poursuivant que l'Algérie, contrairement à ses voisins, accuse un retard décourageant en la matière. «Il y a [chez-nous] une mauvaise compréhension de l'art algérien», souligne-t-elle, précisant qu'il y a «des expériences qui sont menées, mais seulement de manière ponctuelle et factuelle» et de conclure : «Il est temps d'approcher la culture dans sa profondeur et non pas dans son factuel». L'exposition de Mostafa Bendebbagh, cet artiste qui est parti dans l'anonymat, est un prétexte pour s'interroger sur la place de l'art, donc de l'artiste dans la société, ainsi l'urgence, vu le marasme dans laquelle végète la culture, et les conditions déplorables de travail des artistes, de mettre en pratique une politique agissant en faveur de la créativité, de l'inventivité et de la sensibilité artistique et ce, dans les meilleures conditions. La directrice du musée ainsi que Kechkoul et Skander, tous ont amèrement déploré la désinvolture des instances concernées dans la mise en valeur et en considération de nos artistes. Tous les acteurs doivent s'y impliquer, «même le ministère de l'Education qui, lui, doit inscrire dans les manuels scolaires l'enseignement de l'art algérien», s'accordent-ils à dire unanimement.