Le monde entier célèbre aujourd'hui la Journée mondiale de prévention du suicide, un véritable problème de santé publique. Organisée au niveau international, par l'Association internationale pour la prévention du suicide (IASP) en collaboration avec l'OMS et d'autres ONG, cette journée vise à souligner le problème du suicide en tant que cause majeure du décès prématuré et évitable. JLe thème de cette année « La connaissance apporte de nouveaux espoirs » met l'accent sur le passage des connaissances scientifiques actuelles et des résultats de la recherche sur les comportements suicidaires à des programmes et des activités pratiques permettant de réduire ces comportements et de sauver des vies. A cette occasion, des activités se dérouleront du 8 au 15 septembre un peu partout dans le monde. Les proportions importantes qu'a tendance à prendre ce phénomène ont poussé les spécialistes à tirer la sonnette d'alarme et à tenter de trouver des explications et des moyens de lutte. D'autant que les principales causes du suicide sont, dans la quasi-majorité des cas, impossibles à connaître. Se basant sur une étude épidémiologique du phénomène, le président de la Fondation pour la recherche médicale (Forem), le professeur Khiati, a annoncé, lors d'une rencontre sur le sujet, qu'entre 1995 et 2003, l'Algérie a comptabilisé 4 571 suicides. Un chiffre qui n'est pas réel en ce sens et que certains suicides n'ont jamais été déclarés du fait que ce phénomène était un sujet tabou. Les tentatives de suicide sont, d'après lui, cinq fois plus importantes que l'acte lui-même qui, hormis les cas d'absorption de barbituriques et donc d'admission à l'hôpital, le reste n'est jamais déclaré. Les wilayas les plus touchées, a-t-il signalé, par « l'autodestruction physique » sont Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira, Aïn Defla, Tlemcen et Batna ; elles comptabilisent à elles seules près de 54% des cas. Quant aux causes, elles sont familiales (13%), professionnelles, situation socio-économique et troubles psychologiques. Le professeur Khiati a précisé qu'il se produit un suicide toutes les douze heures en Algérie. La tranche d'âge des 18-45 ans est la plus touchée. D'autres sources affirment qu'en Algérie, ce sont environ 10 000 personnes qui tentent de mettre fin à leurs jours chaque année, pour la plupart des adolescents. Des victimes qui manquent de soutien psychologique et ne trouvant pas souvent une oreille attentive à leur cri de détresse. Une récente étude de la Gendarmerie nationale a montré que de 1993 à 2005, 3709 affaires de suicide et 1423 tentatives ont été traitées, dont 63% des suicidés sont des chômeurs. Le phénomène touche, selon l'étude, particulièrement la couche juvénile. Ce sont les jeunes âgés de 18 à 40 ans, avec 2974 cas constatés entre 1993 et 2005, qui manifestent ce désir de mettre fin à leur vie. Dans 49,26% des cas, l'étude a montré que les raisons ne sont pas connues. De l'avis des spécilistes, dans 80% des cas, le candidat au suicide présente des troubles psychiatriques ou des troubles de la personnalité, pas forcément pathologiques, mais facilement décelables par un professionnel de la santé mentale. Par ailleurs, l'OMS dans son dernier rapport, consacré exclusivement à la santé mentale, il est indiqué que la dépression est l'une des principales causes de morbidité, sinon la première et que parmi les dix principales causes des handicaps et d'invalidité, cinq sont de nature neuropsychiatrique. Ce phénomène prend aussi des proportions alarmantes dans certains pays : entre 700 000 à un 1 million de personnes meurent des suites d'un suicide. Mais un phénomène qui reste aisément évitable en développant des centre spécialisés pour une réelle prise en charge des sujets en détresse. Des réseaux de centres d'écoute médico-psychologique seraient d'un grand apport. La multiplication de ces espaces thérapeutiques de proximité dans les établissements éducatifs permettrait sans doute de freiner l'évolution de ce phénomène redoutable.