Scandale à la salle Ahmed Bey, lundi dernier. Le gala en hommage à Warda a été vécu comme un cauchemar pour des centaines de Constantinois, qui n'ont pu accéder à la salle et d'autres qui ont déchanté après avoir espéré sereinement assister à cette soirée animée par une pléiade de stars du Moyen-Orient. Même des VIP et des officiels (walis, officiers de l'armée, etc), ont subi l'humiliation avant de pouvoir trouver des sièges dans cette salle de 3000 places et qu'on a promis comme une panacée à tous les maux infrastructurels de Constantine. Les Constantinois désireux d'assister à cette soirée ont cherché à acheter des billets, mais n'ont pas trouvé. Ils ont tenté d'obtenir des invitations, et ils ont découvert le marché noir, notamment sur la page facebook d'Oued Kniss, où les enchères sont montées jusqu'à 5000 DA la place ! Ceux qui ont tenté de se présenter en famille sur place ont reçu des coups de matraque de la part des gendarmes chargés de la sécurité des lieux. Des cadres du commissariat de l'événement Qassantina 2015 ont été agressés aussi. Le commissaire Sami Bencheikh El Hocine a préféré, quant à lui, boycotter l'événement, anticipant sur cette pagaille. La population aliénée Le responsable de cette humiliation infligée au public n'est autre que l'Office national de la culture et de l'information (l'ONCI). L'Office, dirigé par Lakhdar Bentorki, est l'organisateur unique de l'événement qui fait partie du programme du département dirigé par Bentorki dans la cadre de Constantine, capitale de la culture arabe. L'ONCI est aussi responsable, étant donné qu'il est chargé de la gestion provisoire de la salle Ahmed Bey, appelée aussi Zénith. Warda a dû se retourner dans sa tombe. Ce qui est arrivé lundi était prévisible. La méthode choisie par l'ONCI dans l'organisation des événements qui lui sont confiés est frustrante pour le public de la culture. Populiste comme le dicte sa doctrine (l'ONCI est l'alter ego de la FAF et Bentorki celui de Raouraoua), l'Office a choisi de recourir au système d'invitations pour remplir la salle, en occultant le partenaire censé être incontournable, à savoir le comité exécutif de la manifestation, d'où de nombreux accrochages entre Bentorki et Bencheikh El Hocine que les ministres successifs de la Culture n'ignorent pas. En outre, le dispositif sécuritaire confié à la gendarmerie pour soi-disant sécuriser la salle est franchement exagéré. A chaque fois, le public, composé essentiellement de familles et de jeunes intéressés par la chose culturelle, est accueilli par les brigades d'intervention et des éléments inflexibles portant des tenues de combat et accompagnés par les brigades canines. Ces scènes répétitives ont choqué les Constantinois, qui n'ont pas apprécié cette militarisation ostensible qu'ils découvrent pour la première fois, alors que la ville accueille de grands événements depuis plus de 10 ans. Afin de faciliter le déplacement des hôtes de l'ONCI, des axes routiers névralgiques ont été fermés par moments à la circulation, créant des bouchons monstres et empêchant les automobilistes de rejoindre, qui son travail, qui sa maison. Ces perturbations ont duré deux jours, sachant que deux ronds-points importants ont été fermés à ce niveau pour donner la priorité aux délégations invitées pour la manifestation. Ces impairs qui s'accumulent ne manquent pas d'irriter la population locale et approfondir l'écart qui se creuse entre elle et l'événement depuis près de deux années déjà. A ce jour, les chantiers et leur lot de désagréments font partie du quotidien des Constantinois. Et en plus des scandales et de l'odeur persistante de prédation, l'activité d'animation peine à trouver son public et à enclencher une dynamique comme souhaité dans le discours.