C'est hier, donc, que les élèves ont repris le chemin de l'école. Une rentrée qui a coïncidé, à quelques jours près, avec le mois de Ramadhan. C'est dire que pour la majorité des parents d'élèves, l'achat des trousseaux scolaires suscite appréhension, inquiétude et même colère. A Alger, la rentrée scolaire est accueillie en grande fanfare par les enfants. Disons une ambiance de fête. En revanche, les pères de famille, notamment ceux ayant cinq à six enfants scolarisés, se livrent à toutes les acrobaties budgétaires pour pouvoir satisfaire la longue liste des fournitures scolaires. Mais les prix affichés par les libraires semblent différer d'un endroit à un autre. C'est le cas de l'établissement privé Bensalem qui organise, jusqu'au 15 septembre, un salon des fournitures scolaires au siège de l'UGTA au 1er Mai. Des familles ne cessent d'affluer sur ce salon où on estime les prix plus raisonnables comparativement à ceux des librairies de la ville. A titre d'exemple, le cahier de 120 pages est cédé à 19 DA, celui de 96 pages à 14 DA et celui de 288 pages à 58 DA. Un protège-cahier à 2 DA et un protège-livre à 12 DA. Un sac à dos est vendu à 390 DA. Approché, le gérant de cette entreprise explique, avec satisfaction : « Nous ramenons ces articles du deuxième grossiste. Nos prix sont imbattables. Nous nous attendons à un rush pour la journée d'aujourd'hui (samedi) ». A côté de lui, un père vient de faire l'achat de fournitures pour ses deux enfants en 3e année moyenne. « Avec ces prix abordables, ça m'a coûté presque 3000 DA pour les deux enfants. Mais sans cartables », affirme le papa. Exprimant un regard maussade, il pointe son doigt accusateur à l'adresse des professeurs : « Ils exagèrent trop, notamment les profs du dessin. Ils demandent une peinture à l'huile, une peinture à tube et je ne sais quoi encore. Pour les protège-cahiers, certaines couleurs demandées sont tout simplement introuvables sur le marché ». La mère, après avoir gardé un petit silence, bondit : « Nous avons cinq enfants scolarisés. La rentrée nous coûtera au bas mot 10 000 DA, sans compter les livres, les tabliers et les vêtements ». Un peu plus loin, à la place Audin, des parents, accompagnant leur progéniture, font le tour des librairies pour jauger les tarifs des articles scolaires. Une mère nous affirme qu'elle a procédé aux achats dès le début du mois d'août afin d'éviter la flambée de septembre. « Pour ma fille en 5e année primaire, le trousseau m'a coûté 5600 DA, sans compter les livres », avoue-t-elle dépitée. « C'est vraiment très cher pour une élève de primaire », estime-t-elle. Pourtant, selon les aveux de la maman, le prof de la petite est exemplaire puisqu'il se contente du strict minimum et enseigne à ses élèves de ne pas gaspiller leurs affaires scolaires. « Avec les factures de l'électricité, du gaz et de l'eau, et l'arrivée du Ramadhan, le pari sera inabordable », confie la mère. Avouant n'avoir que le salaire du mari, elle lance : « Ce n'est pas avec les 2000 DA octroyés aux élèves démunis qu'on va régler le problème des familles. La solution réside dans l'augmentation conséquente des salaires. » A quelques mètres, un libraire affiche des prix quasi-inaccessibles : un sac à dos de 590 DA à 950 DA, un cahier de 120 pages à 30 DA et les tabliers à 350 DA. A Belcourt, quartier réputé populaire, une autre mère est rencontrée avec son bambin de 1e année primaire. Elle lui a offert un joli cartable pour 1500 DA. « Ce n'est que le début. J'attends pour aujourd'hui la liste que va ramener mon fils de l'école », dira-t-elle, la peur au ventre. La rentrée scolaire, c'est aussi une occasion pour certains jeunes d'installer leurs tables et se convertir en libraires à ciel ouvert. Des prix plus abordables sont affichés sur les trottoirs de Belcourt, et susceptibles d'être revus à la baisse après négociations. Un sac à dos à 250 DA et un cahier de 120 pages à 25 DA. Bonne rentrée quand même !